Le forum économique mondial de Davos a achevé ses travaux samedi sur un constat d'optimisme mesuré pour l'économie mondiale, qui est en train d'accélérer, mais qui fait face à de nombreux défis un peu partout dans le monde.

«Cette reprise que nous sommes en train de voir est vraiment dans un processus de consolidation», a résumé la directrice générale du FMI Christine Lagarde lors d'un débat avec quelques-uns des acteurs économiques les plus importants au monde.

«Nous pouvons être prudemment optimistes pour la perspective économique mondiale», a estimé le banquier central du Japon Haruhiko Kuroda.

«D'abord, les États-Unis vont probablement croître de 3 % ou plus cette année et la suivante. L'Europe est en train de redémarrer, de croître, et le Japon fait aussi des progrès significatifs. Pour les pays émergents comme l'Inde, la Chine, l'Indonésie, et d'autres, leur taux de croissance va probablement se maintenir à des hauts niveaux ou même accélérer», a-t-il résumé.

Le FMI avait légèrement relevé mardi sa prévision de croissance mondiale pour 2014 (à 3,7 contre 3,6 % auparavant) juste avant le début des travaux des quelque 2500 participants au forum qui se tient chaque hiver dans la petite ville suisse de Davos.

Ils ont notamment débattu de l'état de l'Europe, qui semble sortie de plusieurs années de crise.

«La zone euro dans son ensemble n'est plus au centre de toutes les préoccupations de l'économie mondiale», s'est réjoui le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, estimant que les «pays membres qui ont le plus de succès sont ceux qui ont subi des programmes d'assistances, parce qu'ils ont rempli leur mission», l'Irlande, le Portugal et la Grèce qui «a fait bien mieux que quiconque s'y attendait il y a deux ans, pour être tout à fait franc».

Mais lors d'un autre débat à Davos mercredi, d'autres intervenants ont estimé que «l'Europe n'est pas de retour», selon les mots d'Axel Weber, président du conseil d'administration de la banque suisse UBS et ancien patron de la banque centrale allemande.

Un des risques soulevés par Christine Lagarde est la «faible probabilité» de déflation, particulièrement en Europe, où l'inflation est «très en dessous» de la cible officielle de près de 2 %.

Le président de la BCE, Mario Draghi, lui a immédiatement répondu en répétant sa position: l'inflation est faible et le restera, mais il n'y a pas de risque de déflation, selon lui, précisant «nous sommes prêts à agir au besoin».

«Beaucoup plus de volatilité»

L'autre gros point d'interrogation vient des pays émergents, qui connaissent ralentissements et turbulences provoquées notamment par la fin de la politique monétaire ultra-généreuse de la Réserve fédérale américaine. «C'est clairement un nouveau risque à l'horizon», selon Mme Lagarde.

Larry Fink, le patron de BlackRock, le plus gros gestionnaire d'actifs au monde (4324 milliards de dollars sous gestion fin 2013), a tenu à calmer l'excès «d'optimisme», en rappelant la récente chute du peso ou de la livre turque, et estimant que, si l'action des banques centrales avait été salutaire, le danger vient désormais du fait que c'est au pouvoir politique d'agir.

«L'expérience de cette semaine sur les marchés est indicative de ce qui va se passer cette année», a-t-il estimé, prédisant «un monde avec beaucoup plus de volatilité».

«Pour que l'économie mondiale aille de l'avant», il va falloir que les politiques jouent le jeu, selon lui. «Nous allons dépendre de l'exécution des réformes en Chine, (...) nous allons devoir observer (le premier ministre, Shinzo) Abe et les réformes au Japon, aux États-Unis, et partout ailleurs»

«Cela m'inquiète parce qu'il y a une grande tendance des politiciens à traîner des pieds».

Pourtant, la veille, c'était le ministre des Finances néerlandais Jeroen Djisselbloem, patron de l'Eurogroupe, qui disait «cela aiderait certainement si quand nous allons de l'avant, le secteur financier ne réagissait pas de manière aussi négative».