La baisse espérée du chômage en Europe risque de ne pas suffire à empêcher la pauvreté de progresser sur le continent, en raison de la polarisation des salaires et du travail à temps partiel, selon un rapport de l'Union européenne publié mardi.

«Une hausse significative du risque de pauvreté dans la population en âge de travailler est une des conséquences sociales les plus tangibles de la crise économique en Europe», a souligné le commissaire européen chargé de l'Emploi et des Affaires sociales, Laszlo Andor, en présentant les conclusions de ce rapport à la presse.

«Même si le chômage diminue progressivement, comme l'indiquent les prévisions actuelles, cela risque de ne pas suffire pour inverser la tendance à l'augmentation de la pauvreté, surtout si la disparité des salaires continue de s'accroître sous l'effet notable du temps partiel», a-t-il averti.

Le rapport souligne que retrouver un emploi ne permet de sortir de la pauvreté que dans un cas sur deux: tout dépend en effet du type d'emploi, de la composition du ménage et de la situation du conjoint sur le marché du travail.

Le rapport 2013 sur l'évolution de l'emploi et de la situation sociale en Europe montre également que les personnes qui bénéficient de prestations chômage sont davantage susceptibles de retrouver un emploi que celles qui n'en bénéficient pas, surtout dans des systèmes qui associent des prestations qui diminuent avec le temps et une obligation de rechercher un emploi.

Il se penche aussi sur les inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail, pour lesquelles «les tendances ne s'inversent pas», en particulier en termes d'heures travaillées.

Enfin, il souligne les difficultés pour les pays de la zone euro de redevenir compétitifs en termes de coûts, étant donnée l'absence de possibilité de dévaluer leur monnaie. Ces pays sont contraints de procéder à des mesures de dévaluation interne par la compression des salaires et des prix, ce qui présente des inconvénients en termes de chômage et de préjudices sociaux.

Interrogé sur les effets potentiellement négatifs des politiques appliquées par les pays sous programme d'aide de la troïka (Commission européenne, BCE et FMI) comme la Grèce, M. Andor a reconnu qu'il était «vrai que des pertes d'emplois ont eu lieu». Mais «il est faux de dire que la troïka est seule responsable», a-t-il dit, soulignant que «ces pays eux-mêmes avaient fait des erreurs qui les ont rendus vulnérables».

Ce volumineux rapport de 500 pages est consultable en anglais sur le site https://ec.europa.eu/social/main.jsp?