La Banque d'Angleterre, qui attend toujours de voir si la reprise de l'économie britannique s'inscrit dans la durée, devrait commencer l'année sur une nouvelle note prudente, en confirmant jeudi le statu quo monétaire.

«Le maintien par la Banque d'Angleterre jeudi de son taux directeur à 0,50% à l'issue de la réunion de janvier de son Comité de politique monétaire (CPM) ne fait aucun doute», a estimé Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

À l'issue de sa réunion des 8 et 9 janvier, la banque centrale britannique devrait ainsi maintenir son taux directeur au niveau historiquement bas auquel il est fixé depuis mars 2009, ainsi que laisser une nouvelle fois inchangé le montant total de son programme de rachats d'actifs, dit d'«assouplissement quantitatif», à 375 milliards de livres sterling (451 milliards d'euros).

La dernière tranche de ce programme, lancé en mars 2009 pour soutenir une économie britannique alors en récession et dont le montant total a été relevé progressivement, a été épuisée en novembre 2012.

Si la décision de janvier semble jouée d'avance, les spéculations sur un éventuel resserrement monétaire anticipé, dès cette année, risquent de s'étoffer si la reprise économique continue sur sa relativement bonne lancée.

En effet, la croissance de l'économie britannique s'est établie à 0,8% au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, et en glissement annuel, elle a été revue en hausse, à 1,9% contre 1,5%, selon des chiffres publiés en décembre.

Et surtout, selon les derniers chiffres publiés, le taux de chômage au Royaume-Uni a diminué à 7,4% sur la période de trois mois achevée fin octobre, contre 7,6% fin septembre, marquant une accélération plus forte qu'anticipé par la BoE du taux.

La BoE avait déjà estimé que le chômage au Royaume-Uni allait refluer plus vite que prévu initialement, lors de l'annonce en août d'un objectif pour ce taux, pour atteindre dès le troisième trimestre de 2015 un taux au niveau cible de 7%, seuil à partir duquel elle pourra envisager un resserrement monétaire.

Mais comme certains des neuf membres du CPM, notamment le gouverneur Mark Carney, le martèlent depuis août: ce seuil servira de déclencheur à une réflexion sur un éventuel resserrement monétaire mais n'enclenchera en aucun cas une hausse de taux automatique.

Pour Jane Foley, économiste chez Rabobank, la reprise économique au Royaume-Uni «est passée à la vitesse supérieure ces derniers trimestres» mais «le CPM a encore beaucoup à faire pour protéger une reprise économique naissante».

En effet, comme l'a relevé Mme Foley, les bases de la reprise ne sont pas encore assez larges ni assez solides. De plus, les incertitudes persistantes sur la vigueur de la reprise économique en zone euro, le principal partenaire commercial du Royaume-Uni, continuent d'alimenter des risques sur la reprise britannique.

En outre, tout resserrement monétaire semble aussi à exclure du fait du renforcement de la livre observé depuis fin 2013. «Une hausse de taux ferait s'apprécier encore plus la livre avec des effets dommageables pour les exportations», qui restent faibles, a expliqué Howard Archer.

«Ainsi, 2014 semble partie pour être une nouvelle année de taux historiquement bas», a conclu Martin Beck, économiste chez Capital Economics.

Pour M. Beck, la baisse rapide du chômage pourrait entraîner une modification des détails de la trajectoire de taux annoncée en août, en ajoutant par exemple un objectif de croissance à celui sur le chômage, plutôt qu'une hausse des taux d'intérêt.