La quasi-totalité des dirigeants européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel, se retrouvent mardi à Paris à l'invitation de François Hollande pour une nouvelle grande conférence consacrée à la lutte contre le chômage endémique des jeunes en Europe.

Vingt-quatre des vingt-huit chefs d'État et de gouvernement de l'UE participent à cette réunion, après celle organisée par Mme Merkel le 3 juillet à Berlin.

Sont également présents les présidents du Conseil, de la Commission et du Parlement européens Herman Van Rompuy, José-Manuel Barroso, et Martin Schulz, celui de la Banque européenne d'investissement (BEI) Werner Hoyer ainsi que les chefs des services publics de l'emploi et partenaires sociaux.

Avant la conférence, qui débute à 15h00, le ministre du Travail Michel Sapin réunira le matin ses homologues tandis que M. Hollande rencontrera des jeunes Européens.

À 17h45, une conférence de presse finale est prévue à six (Hollande, Merkel, Van Rompuy, Barroso, Schulz et la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite, qui assure la présidence tournante de l'UE).

La mobilisation est «extrêmement forte», souligne l'entourage du président de la République, alors que le chômage des jeunes reste à un niveau «inacceptable», estime la Commission européenne.

Selon les chiffres publiés par celle-ci, en septembre 2013 quelque 5,6 millions de jeunes Européens étaient sans emploi (soit un taux 23,5%), l'Allemagne faisant figure de meilleur élève, avec 7,7 % de jeunes au chômage, alors que la France avoisine les 25%. La Grèce et l'Espagne battent quant à elles des records avec des taux supérieurs à 56%.

Il ne s'agit pas de lancer de nouveaux instruments mais de «s'assurer que tous les moyens sont mis en oeuvre et que la volonté politique est confirmée pour obtenir des résultats concrets dans les deux ans qui viennent», a indiqué l'Élysée.

Il y a six mois, les Européens ont décidé de mobiliser des moyens très ciblés avec notamment une enveloppe de six milliards d'euros destinée aux régions les plus frappées par le chômage des jeunes.

La France, espère toucher 10% de cette enveloppe, soit 600 millions auxquels s'ajoutent 100 millions lors du dernier conseil européen.

Selon Paris, en plus de ces six milliards en 2014 et 2015, soit 12 milliards, la BEI a prévu de consacrer à l'emploi des jeunes six milliards par an de 2013 à 2015, et le Fonds social européen (FSE) six à sept milliards par an sur la même période. Au total 40 à 45 milliards d'euros seraient ainsi mobilisés sur trois ans.

La directive détachement sur la table

Au coeur de tous ces dispositifs, l'UE a instauré le principe d'une «garantie pour la jeunesse» stipulant qu'aucun jeune Européen ne reste plus de quatre mois sans proposition d'emploi ou de formation.

Les États membres doivent transmettre avant la fin de l'année leur plan d'application de cette «garantie» et un comité se réunira en décembre à Bruxelles pour les évaluer. L'Élysée a indiqué avoir envoyé le sien vendredi.

François Hollande accueille cette réunion au moment où il affronte en France une grave crise de confiance, qui l'a fait chuter au plus bas dans les sondages; la chancelière allemande arrive elle à Paris auréolée de sa reconduction à la tête de son pays où elle est en passe de réussir à former un gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates du SPD.

En outre, le président français, qui a fait de l'emploi des jeunes une des grandes priorités de son quinquennat, a mis en place nombre de dispositifs, mais qui peinent, pour certains, à produire leurs effets.

Sa capacité à inverser, comme il l'a promis, la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année reste très incertaine.

Un sujet délicat sur lequel la France ne partage pas les mêmes vues que l'Allemagne devrait s'inviter à la conférence, celui de «la directive détachement», régissant le détachement temporaire de travailleurs d'un pays à l'autre de l'UE. Paris veut une amélioration de ce texte pour lutter contre «la concurrence déloyale» de travailleurs étrangers venant de pays à bas salaires.

«La question du salaire minimum est discutée en Allemagne (où il n'existe actuellement pas) et on peut espérer qu'il y ait des avancées avec le nouveau gouvernement», escompte la France, qui souhaite un accord au Conseil européen de décembre.