En «désintox» pendant cinq ans après avoir abusé du crédit, les consommateurs américains ont meilleure mine ces jours-ci. Après l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, ils ont remis de l'ordre dans leurs finances. Et cette cure de santé est de bon augure pour l'économie.

Après une gueule de bois de cinq ans, les Américains semblent enfin remis de leur cuite au crédit qui, faut-il rappeler, s'était bien mal terminée avec la crise financière de 2008-2009. Des études de la Réserve fédérale (Fed) et des grands fournisseurs de crédit à la consommation, tels que Visa et Mastercard, donnent le même diagnostic: les consommateurs aux États-Unis se portent beaucoup mieux sur le plan financier. Si bien que leur bilan personnel actuel - le meilleur depuis des décennies - est de bon augure: les ménages pourraient en effet redonner un nouvel élan à l'économie américaine en renouant graduellement avec le crédit et la consommation, estiment des analystes.

«Les finances des Américains sont dans les meilleures conditions depuis des décennies», clame dans une récente note financière Joseph Carson, directeur de la recherche pour la firme AllianceBernstein, de New York.

Cure de santé

La cure de santé des Américains, amorcée après l'effondrement de la banque Lehman Brothers, a en effet donné de bons résultats. Les dettes toutes catégories des ménages continuent de diminuer: elles ont fondu de 78 milliards US (-0,7%) au deuxième trimestre et d'un total impressionnant de 1530 milliards US - soit une baisse de 12% - en quatre ans, estime la Fed. Au final, le niveau d'endettement des Américains, mesuré par le ratio emprunts/revenu disponible (revenu après impôt), est tombé à 92%, comparativement à un sommet historique de 114% en 2009, selon la Fed.

Fait encore plus significatif, le poids des dettes des ménages sur l'ensemble de l'économie n'est plus le même: alors que les emprunts des particuliers représentaient 85% du produit intérieur brut des États-Unis à la fin de 2008, ce taux a fondu à 67%. La diminution du crédit hypothécaire est en grande partie responsable de cette embellie, selon des études.

Reste que la «désintox» de nos voisins du Sud dégage une marge de manoeuvre considérable pour les consommateurs, qui retrouvent peu à peu l'envie d'acheter des voitures, des téléviseurs et des meubles.

Les derniers rapports de Visa, Mastercard et autres pourvoyeurs de cartes de crédit confirment la santé retrouvée des Américains sur le plan budgétaire.

Le taux de délinquance des détenteurs de cartes a chuté à un creux de 22 ans au printemps dernier. C'est-à-dire que la part des comptes impayés depuis 30 jours ou plus est tombée à 2,4% à la fin du premier trimestre. Et ce taux n'a pas beaucoup bougé depuis, confirme l'association qui représente les banques américaines. Signe donc que le ménage dans les cartes de crédit est terminé et que les consommateurs sont prêts à s'activer.

Les derniers rapports économiques, la semaine dernière, confirment d'ailleurs le regain de vie timide, mais encourageant du commerce de détail aux États-Unis. Les Américains sont en train de renouer avec la consommation et un vieil ami fidèle, le crédit.

Bonnes vieilles habitudes

D'ailleurs, les banques ont pris note de la grande forme de leurs clients à qui elles ouvrent grandes les portes de leur voute. «Les banques sont définitivement plus portées à prêter aujourd'hui qu'elles ne l'ont été depuis plusieurs années», affirmait AllianceBernstein dans un récent commentaire.

Signe qu'on ne perd pas facilement de mauvaises habitudes, des banques américaines - dont Bank of America, Wells Fargo et la TD Bank - ont même recommencé à offrir des prêts hypothécaires avec des mises de fonds de seulement 5%, note l'agence CNN. Comme au bon vieux temps de la bulle immobilière... C'est tout un changement, car après l'éclatement de la bulle immobilière américaine, ces mêmes institutions bancaires ont longtemps exigé au moins 20% de cash avant d'accorder une hypothèque.

De toute évidence, la hausse des prix des maisons aux États-Unis ("12% sur un an, en septembre) redonne confiance aux prêteurs hypothécaires et aux acheteurs qui, tous deux, sont prêts à assumer plus de risques sur le plan financier.

«Avec des consommateurs prêts à emprunter davantage, au moment où le déficit [du gouvernement américain] diminue, cela pourrait donner une poussée considérable à l'économie», affirme Ben Garber, économiste pour la firme Moody's. Une prédiction qui fera sans doute plaisir aux exportateurs canadiens.