L'économie de la Chine pèserait 440 milliards d'euros de plus que son niveau officiel si le gouvernement central accordait foi aux statistiques publiées par ses provinces, a rapporté mercredi un journal d'État.

Le Quotidien d'information économique (Jingji Cankao Bao) a compilé les produits intérieurs bruts (PIB) rendus publics par 28 des 31 ensembles territoriaux ayant rang de province en Chine, pour arriver à un résultat de 42 400 milliards de yuans sur les neuf premiers mois de l'année.

Problème: le PIB au niveau national, tel qu'officiellement annoncé par Pékin le 18 octobre, est inférieur de 3700 milliards de yuans (634 milliards de dollars CAN).

Ce fossé constaté depuis au moins deux décennies entre indicateur national et statistiques régionales a tendance à s'élargir.

Il s'explique par le fait que les cadres communistes locaux, dont la carrière dépend principalement des performances économiques de leur région, ont tendance à «embellir» la réalité, a expliqué le quotidien, publié sous l'égide de l'agence d'État Chine nouvelle.

«Certaines régions ont pu gonfler leurs chiffres (pour donner) une impression trompeuse de leurs réalisations, étant donné que la performance des gouvernements locaux est souvent mesurée à l'aune de la croissance économique», a expliqué au journal un cadre, non nommé, du Bureau national des statistiques (BNS).

Les marchés financiers mondiaux sont suspendus à la publication des statistiques économiques chinoises, mais les experts s'interrogent sur la fiabilité des chiffres officiels, à teneur hautement politique, et soupçonnent des manipulations en bataille.

Le premier ministre chinois Li Keqiang avait lui-même fait part naguère de son scepticisme.

À l'époque à la tête de la province du Liaoning, il avait confié en 2007 à l'ambassadeur américain en poste à Pékin que certains chiffres chinois étaient «fabriqués artisanalement» et que certaines statistiques comme le PIB «peuvent seulement être consultées à titre informatif», selon un câble diplomatique publié par Wikileaks.

Dans une étude parue mi-août, Christopher Balding, professeur à la HSBC Business School de l'Université de Pékin, avait avancé que des chiffres biaisés de l'inflation, notamment concernant les prix immobiliers, tendent à surévaluer fortement la taille de l'économie chinoise et à grossir de façon trompeuse son PIB.