La Banque d'Angleterre (BoE) devrait annoncer jeudi un nouveau statu quo de sa politique monétaire, l'institution préférant attendre de voir l'évolution d'une économie britannique dont la reprise reste toujours fragile.

«Il semble qu'il n'y ait même pas une chance infime de voir le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque d'Angleterre changer le moindre aspect de sa politique lors de sa réunion d'octobre», a anticipé Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

Comme lui, de nombreux observateurs estiment que la banque centrale britannique va décider, lors de la réunion des 8 et 9 octobre, de maintenir son taux directeur à 0,50% (niveau historiquement bas auquel il est fixé depuis mars 2009), et de laisser inchangé le montant total de son programme de rachats d'actifs à 375 milliards de livres (environ 444 milliards d'euros), épuisé depuis novembre.

Ce programme dit d'«assouplissement quantitatif» avait été lancé en mars 2009, alors que l'économie britannique était en profonde récession, et son montant total a été relevé progressivement jusqu'en juillet 2012.

Ces dernières semaines, «la meilleure qualité des indicateurs macroéconomiques continue d'impliquer que la reprise économique naissante commence à bien s'enraciner», a noté Jane Foley, économiste chez Rabobank, prévoyant ainsi que la réunion d'octobre devrait se passer sans évènement.

La reprise de l'économie britannique s'est en effet renforcée ces derniers mois avec une croissance de 0,7% au deuxième trimestre et le Fonds monétaire international (FMI) a d'ailleurs relevé mardi ses prévisions de croissance pour le Royaume-Uni à 1,4% pour 2013 (+0,5 point par rapport à la dernière prévision) et à 1,9% (+0,4 point) pour 2014.

Cependant, l'annonce mercredi d'un repli-surprise et net de la production industrielle au Royaume-Uni en août et de chiffres décevants de la balance commerciale du pays pour le même mois est venue alimenter les craintes de voir la reprise économique, qui reste fragile, trébucher.

Dans ce contexte, la perspective d'un relèvement du taux directeur de l'institution reste «bien lointaine», a prévenu Martin Beck, économiste chez Capital Economics, pour qui une nouvelle tranche de rachats d'actifs pourrait par ailleurs «revenir à l'ordre du jour si la reprise économique freinait brutalement».

Mais dans l'ensemble, «après une réaction initiale (des marchés) décevante» à l'annonce en juillet d'une trajectoire à moyen terme pour le taux directeur de l'institution - la BoE n'envisagerait pas de relever son principal taux d'intérêt ni de réduire ses injections massives de liquidités, tant que le taux de chômage sera supérieur à 7% au Royaume-Uni - les attentes d'un resserrement monétaire anticipé se sont estompées, a noté M. Beck.

Et ce grâce notamment aux précisions fournies depuis par différents membres du CPM, dont le gouverneur de la Banque d'Angleterre, le Canadien Mark Carney (entré en fonction début juillet), qui a souligné à plusieurs reprises que la baisse du chômage à 7% ne déclencherait pas automatiquement une hausse du taux d'intérêt.

Le taux de chômage a légèrement baissé à 7,7% sur la période de trois mois achevée fin juillet, après quatre mois de stabilité à 7,8%. Si le taux de chômage a légèrement baissé, «il est peu probable que le CPM va réviser son opinion sur la vitesse à laquelle le niveau (de 7%) sera atteint», a prévenu M. Beck.

L'institution estime en effet que ce niveau ne sera pas atteint avant au moins la fin du deuxième trimestre de 2016.