La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu mercredi ses taux à un niveau faible et affirmé qu'elle userait de tout instrument à sa disposition pour aider la zone euro sur le chemin d'une reprise qu'elle juge «fragile».

Comme prévu par les analystes, l'institution monétaire, qui a réuni ce mois-ci son conseil des gouverneurs hors ses murs francfortois, à la Banque de France à Paris, a laissé son principal taux d'intérêt directeur inchangé, à 0,5%. Un niveau historiquement bas auquel il stationne depuis mai.

Sans surprise non plus, son président, Mario Draghi, a réaffirmé que cette politique monétaire accommodante serait d'actualité aussi longtemps que nécessaire, lors de sa conférence de presse mensuelle.

En outre, face à une reprise «faible, inégale et fragile» -le PIB de la zone euro a grimpé de 0,3% au deuxième trimestre après six trimestres consécutifs de recul-, la BCE «est prête à envisager tous les instruments à sa disposition» pour soutenir l'activité dans la région, a-t-il ajouté.

«Nous n'excluons aucune option».

La BCE a «à sa disposition une vaste panoplie d'instruments», «y compris un autre LTRO si nécessaire», c'est-à-dire une ligne de crédit massive, à long terme et très bon marché à destination des banques, comme l'institution en a déjà ouverte deux fin 2011 et début 2012, a précisé M. Draghi, avant d'ajouter: «nous n'excluons aucune option».

Autant de propos destinés à rassurer sur la volonté de l'institution de rester au chevet de la zone euro, malgré des indicateurs meilleurs et un chômage qui a reculé en juillet pour la première fois depuis deux ans et demi.

«La BCE veut particulièrement s'assurer que les taux à court terme sur le marché monétaire restent faibles (...) Elle veut aussi s'assurer que la capacité de prêt des banques n'est pas handicapée par un éventuel manque de liquidités», a analysé Howard Archer, chef économiste chez IHS Global Insight, alors que le recul des crédits aux entreprises s'est encore amplifié en août.

Pour Christian Schulz, économiste de la banque Berenberg, «la BCE veut éviter les erreurs de communication» de la Réserve fédérale américaine qui, en annonçant en mai préparer un ralentissement de ses rachats d'actifs destinés à soutenir l'économie américaine, a provoqué une hausse des taux sur le marché monétaire, qui a menacé de porter atteinte à la reprise économique.

«Nous voyons une possibilité que la BCE annonce de nouvelles mesures en fin d'année, à un an de l'échéance des précédents LTRO», a ajouté l'économiste, jugeant que cela pourrait prendre la forme d'une nouvelle opération de refinancement à long terme ou d'une extension du régime d'allocation illimitée de liquidités, à taux fixe, au-delà de juillet 2014.

Toutefois, les banques doivent prendre garde au fait que l'abondance de liquidités ne constitue pas un substitut à la nécessité de renforcer leur capital, a souligné M. Draghi.

Un message que les banques et gouvernements devraient écouter, a jugé Marie Diron, du cabinet de conseil Ernst & Young, car «le secteur bancaire de la zone euro a besoin de bilans meilleurs pour assurer une croissance robuste à moyen terme».

Interrogé par ailleurs sur la paralysie budgétaire aux États-Unis, M. Draghi a estimé qu'elle pourrait représenter «un risque pour les États-Unis et pour le monde (...) si elle se prolongeait».

«À l'heure actuelle, nous n'avons pas cette impression», a-t-il toutefois ajouté alors que le blocage budgétaire américain a conduit l'administration fédérale à se mettre en position de «shutdown», c'est-à-dire de fonctionnement minimal.

Quant aux détails attendus sur la future publication des comptes-rendus des réunions de la BCE, annoncée en août, elles attendront encore: le directoire de la BCE va faire une proposition à ce sujet au conseil des gouverneurs dans le courant de l'automne, a dit M. Draghi.