La Banque mondiale va intensifier son action dans les zones de guerre et les pays «fragiles» dans les trois prochaines années en délaissant d'autres activités, a annoncé mardi son président Jim Yong Kim.

«Nous allons accroître notre engagement auprès des pays fragiles et affectés par les conflits, ce qui nous demandera d'être plus audacieux, de prendre plus de risques et d'investir plus de ressources», a-t-il déclaré lors d'un discours à Washington.

Concrètement, la part que la Banque mondiale (BM) consacre aux pays «fragiles» via sa filiale dédiée au développement (IDA) devrait augmenter «de 50% dans les trois prochaines années», a détaillé M. Kim.

La branche de l'institution consacrée au secteur privé (IFC) devra elle aussi augmenter dans les mêmes proportions son soutien aux États affectés par les conflits, a promis M. Kim. Pour cette seule structure, les fonds supplémentaires pourraient ainsi atteindre 800 millions de dollars sur trois ans, a précisé la BM dans un communiqué.

Le dirigeant a notamment cité le cas du Liban, débordé par l'afflux de réfugiés fuyant la guerre civile dans la Syrie voisine. «Le Liban accueille aujourd'hui 760 000 réfugiés syriens, ce qui reviendrait pour les États unis à accueillir 56 millions de réfugiés», a-t-il estimé, jugeant qu'il fallait en «faire plus» pour ce pays afin d'éviter une «catastrophe».

L'organisation non-gouvernementale Oxfam a jugé «opportun» le cap annoncé par M. Kim, estimant qu'il était «essentiel» que les millions de personnes affectées par le conflit syrien ne soient pas «abandonnées».

En recentrant son action sur cette thématique et l'objectif d'une éradication de l'extrême pauvreté d'ici à 2030, la Banque mondiale devra cesser ses activités dans des secteurs «où d'autres sont meilleurs» qu'elle, a prévenu M. Kim, sans donner plus de précisions.

À l'issue de son discours, le dirigeant a assuré devant la presse qu'une «réorganisation» était nécessaire afin de lutter contre la bureaucratie et le «cloisonnement» au sein de l'institution, notamment au niveau des vice-présidents. «Nous menons trop de projets expérimentaux sur une petite échelle», a également déclaré M. Kim, qui s'est engagé dans une vaste restructuration de l'organisation, mastodonte du développement, depuis son entrée en fonctions en juillet 2012.

«Nous ne nous engagerons pas dans des projets dans le seul but d'atteindre des objectifs de quantité pour l'année. Nous n'investirons pas dans des projets pour simplement planter notre drapeau sur le sol», a assuré M. Kim dans son discours, appelant à prendre plus de risques même si cela devait se solde par des «échecs».

Dans un document interne obtenu à la mi-septembre par l'AFP, l'institution avait déjà indiqué qu'elle devait se montrer plus «sélective» face aux contraintes financières et à l'émergence de nouveaux acteurs du développement.

La Banque mondiale doit entériner son nouveau plan stratégique lors de son assemblée générale la semaine prochaine à Washington.