En grève pour la deuxième fois depuis le début du mois, les fonctionnaires grecs tentaient mardi de peser sur les discussions en cours entre le gouvernement et les créanciers internationaux du pays qui portent notamment sur une vaste réforme du service public.

«Aujourd'hui, c'est un combat pour notre vie, notre survie, pour la qualité de vie qui nous a été volée», affirmait sans ambages, Apostolos Tsiamos, fonctionnaire de région, une épouse au chômage, descendu dans les rues d'Athènes pour manifester.

Plusieurs milliers de personnes ont commencé à défiler en fin de matinée dans le centre de la capitale grecque, à l'appel de l'Adedy, principal syndicat des fonctionnaires, qui a lancé un mot d'ordre de grève de 48h mardi et mercredi.

Une précédente mobilisation de 48h, la semaine dernière, avait été accompagnée de manifestations rassemblant environ 20 000 fonctionnaires.

Au surlendemain de l'éclatante victoire électorale d'Angela Merkel en Allemagne, la presse grecque continuait de disséquer les conséquences de ce résultat pour le pays, au grand dam de Dimitris Perivolarakis, professeur de lettres: «Nous faisons reposer nos espoirs de jours meilleurs sur les élections allemandes, j'ai honte d'en être arrivé là».

Ce manifestant affirme avoir perdu la moitié de son salaire depuis 2010. Il entame son 8e jour de grève: les enseignants du second degré ont cessé le travail le 16 septembre. Le mouvement est moins suivi que la semaine dernière, selon la presse, mais des occupations d'écoles par les élèves étaient signalées dans plusieurs villes du pays.

Hôpitaux, ports, services des impôts et des collectivités locales fonctionnaient également mardi au ralenti. Lundi, deux institutions de l'enseignement supérieur, l'École polytechnique et l'Université d'Athènes, ont annoncé qu'elles allaient contester la réforme du service public devant les tribunaux.

La centrale syndicale du public n'a toutefois pas convaincu son homologue du privé, GSEE, de se joindre à la mobilisation et d'appeler à une grève générale des salariés et fonctionnaires.

Les syndicats de fonctionnaires s'opposent à la mise en oeuvre d'un vaste plan de mutations et de licenciements, avec au total 25 000 fonctionnaires redéployés d'ici à la fin de l'année, dont 12 500 d'ici fin septembre.

Doivent s'y ajouter 4000 licenciements d'ici à fin 2013 (dont les 2600 de la télévision publique).

Troïka inquiète

Les chefs de file de la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) qui ont commencé dimanche un nouvel audit de la Grèce, doivent rencontrer mardi le ministre chargé de mettre en oeuvre ces mesures, Kyriakos Mitsotakis.

En dépit de la mobilisation sociale, cette restructuration de la fonction publique est cependant l'un des chantiers les plus avancés et les moins épineux entre le gouvernement et la troïka. Cette dernière a, selon les médias nationaux, déjà mis en exergue d'autres difficultés dans sa revue du pays.

Selon le quotidien libéral Kathimerini, les bailleurs de fonds de la Grèce ont émis des doutes sur la capacité du pays à dégager en 2013 un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) substantiel.

Martelée jusqu'à l'obsession par l'exécutif, la réalisation d'un excédent primaire est censée témoigner de la stabilisation budgétaire du pays.

Sur les huit premiers mois de l'année, la Grèce atteint un excédent primaire de 1,36 milliard d'euros (sans les bénéfices des obligations grecques détenues par les banques centrales européennes), selon les chiffres publiés lundi par le ministère des Finances.

Mais ce résultat est essentiellement obtenu par une compression des dépenses prévues dans le budget 2013, alors que les rentrées d'argent sont à la traîne et que le gouvernement a amassé d'importants arriérés de paiement.

Selon Kathimerini, la troïka s'inquiète notamment du retard du programme de privatisation et de la capacité du pays à mettre en place, début 2014, l'impôt unique sur la propriété qui doit remplacer les taxes existantes.

Ces éléments sont déterminants pour la préparation du budget qui sera présenté cet automne au parlement avec le défi d'éviter l'adoption de nouvelles mesures d'austérité pour une société exsangue.

L'examen des comptes du pays par la troïka sera également décisif dans le déblocage d'une nouvelle tranche de prêt d'un milliard d'euros.