La Chine a confirmé en août une embellie de son économie, enregistrant une hausse plus forte qu'attendu de sa production industrielle, de ses ventes de détail et de ses échanges commerciaux.

La production industrielle de la deuxième économie mondiale, indicateur crucial permettant de jauger l'activité des usines, a ainsi accéléré en août, avec une hausse de 10,4% sur un an contre 9,7% en juillet, a annoncé mardi le Bureau national des statistiques (BNS).

Il s'agit de sa plus forte progression mensuelle depuis près d'un an et demi. La prévision moyenne établie par un panel d'économistes interrogés par l'agence financière Dow Jones Newswires tablait sur une progression de 9,9%.

Les ventes de détail ont quant à elles progressé de 13,4% sur un an en août, marquant une légère accélération, a annoncé le BNS. Là encore, le chiffre ressort au-delà des attentes des analystes (+13,2%).

De leur côté, les investissements en capital fixe ont progressé de 20,3% sur un an pour la période allant de janvier à août, plus que prévu. Ils avaient enregistré une hausse de 20,1% sur l'ensemble du premier semestre.

Pour Li-Gang Liu et Hao Zhou, économistes de la banque australo-néozélandaise ANZ, ces chiffres «sont le signe que le mini-plan de relance», c'est-à-dire les mesures prises par le gouvernement fin juillet pour stimuler l'activité, «commencent à porter leurs fruits».

«Des indicateurs d'activité extrêmement impressionnants», ont réagi de leur côté les analystes de Bank of America-Merrill Lynch.

«On a là le tableau d'une reprise très large (de l'économie chinoise), autant sur le plan de la demande internationale que sur la demande intérieure, et autant sur le front de la consommation que sur celui de l'investissement», ont-ils commenté.

De quoi apaiser les inquiétudes sur un possible atterrissage brutal de l'économie du géant asiatique.

Un net ralentissement de la croissance chinoise, à 7,5%, au deuxième trimestre avaient en effet ravivé les craintes d'un essoufflement de l'activité, et poussé Pékin à annoncer des «mesures d'ajustement» dont des réductions d'impôts, des simplifications administratives et une ouverture accrue des investissements dans le secteur ferroviaire.

Or depuis courant août, les publications d'indicateurs positifs se sont multipliées, suggérant que l'horizon s'éclaircit pour l'économie chinoise.

Ainsi, le pays a ainsi vu son excédent commercial augmenter de 8,4% sur un an en août, plus qu'attendu, selon des chiffres des douanes publiés dimanche -- confirmant le rebond des échanges commerciaux observé en juillet après plusieurs mois de baisse des importations et de ralentissement des exportations.

«Des fondamentaux économiques solides aux États-Unis devraient continuer à aider les exportations chinoises» dans les prochains mois, a estimé Ma Xiaoping, économiste de HSBC, tout en émettant des réserves sur une demande intérieure encore fragile.

Par ailleurs, la production manufacturière en Chine s'est encore renforcée en août, selon un indicateur PMI des directeurs d'achat publié le 1er septembre par le gouvernement, à son plus haut niveau depuis 16 mois.

Enfin, le BNS a dévoilé lundi un ralentissement de l'inflation le mois dernier -- les prix à la consommation ayant gonflé de 2,6%, moins qu'en juillet et très en deçà de l'objectif de 3,5% fixé par les autorités.

«Le ralentissement de l'inflation signifie que la nouvelle équipe dirigeante», emmenée par Xi Jinping, investi président en mars, «a encore une large marge de manoeuvre pour la mise en place de mesures de relance budgétaires, tout en évitant de durcir la politique monétaire», ont estimé les économistes de Bank of America Merrill Lynch.

Cependant, «étant donné l'élan que connaît actuellement l'économie chinoise, le gouvernement sera certainement capable d'atteindre son objectif d'une croissance du PIB de 7,5%» en 2013, et «la salve d'indicateurs positifs en août signifie qu'il ne faut pas s'attendre à un plan massif de soutien à l'économie», ont-ils tempéré.

Certains experts pointaient toutefois les déséquilibres persistants mis en lumière par les récentes statistiques.

«La forte accélération des investissements dans les infrastructures a clairement offert le coup de pouce le plus important» à l'économie et «le rôle prédominant joué par les infrastructures dans ce soudain revirement de la conjoncture est de nature à alimenter les craintes sur la durabilité» de cette embellie, a ainsi expliqué Yao Wei, économiste de la Société Générale.

Les nouveaux dirigeants chinois ont affiché depuis le printemps leur volonté de «rééquilibrer» l'économie chinoise, en renforçant la demande intérieure au détriment des exportations et investissements dans les infrastructures -- piliers traditionnels de la croissance.