La facture pétrolière annuelle de la Chine atteindra 500 milliards de dollars US en 2020, tandis que celle des États-Unis chutera au contraire du fait du développement de la production américaine de pétrole, prédit une étude publiée mardi.

Selon les calculs du cabinet d'études britannique Wood Mackenzie, spécialisé dans l'énergie et les matières premières, les importations pétrolières chinoises vont bondir de 2,5 millions de barils par jour (mbj) en 2005 à 9,2 mbj en 2020, un quasi quadruplement (+360%) du fait de l'envolée de la consommation d'or noir nationale lié au développement du pays et en particulier à l'explosion du transport routier.

Parallèlement, les importations américaines devraient tomber de 10,1 mbj à 6,8 mbj, soit une décrue de 32%, en raison surtout de la hausse de la production interne de pétrole non conventionnel, dont le pétrole de schiste et le pétrole dit «compact» (dont l'extraction nécessite également l'utilisation de la fracturation hydraulique).

Selon Wood Mackenzie, 2017 marquera ainsi un tournant: ce sera l'année où les importations chinoises de pétrole dépasseront celles des États-Unis.

Conséquence : la facture des importations pétrolières chinoises devrait atteindre la somme exorbitante de 500 milliards de dollars en 2020, dépassant de très loin le pic historique de la facture pétrolière américaine (335 milliards de dollars).

À l'inverse, la facture pétrolière américaine devrait chuter à 160 milliards de dollars en 2020, d'après le cabinet.

«La Chine et les États-Unis prennent des directions opposées en matière d'importations de pétrole brut», et «en 2020, 70% de la demande pétrolière chinoise sera couverte par des importations», tandis que «les besoins d'importations des États-Unis vont diminuer à cause de la production de pétrole compact», a expliqué William Durbin, responsable des études du groupe en Asie.

En outre, selon le cabinet, la Chine devrait dépendre de plus en plus de l'OPEP pour son approvisionnement énergétique: le cartel devrait couvrir 66% de ses importations en 2020 contre 52% en 2005. À l'inverse, les États-Unis profiteront du boom de la production canadienne de pétrole non conventionnel pour réduire leur dépendance à l'OPEP, qui devrait fournir 33% des importations pétrolières américaines en 2020 contre 60% pour le Canada.

Cette étude confirme des tendances déjà évoquées par des organismes comme l'Agence internationale de l'énergie (AIE) ou l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). L'EIA avait ainsi prédit quant à elle la semaine dernière que la Chine doublerait les États-Unis d'ici octobre pour devenir le premier importateur net de pétrole du monde.