Un haut dirigeant montréalais de SNC-Lavalin qui s'est retrouvé mêlé indirectement aux déboires de la firme en Libye vient d'annoncer son départ à la retraite, après sept années passées au sein du cercle restreint du bureau du président.

«Nous vous confirmons que Michael Novak a annoncé son départ à la retraite de SNC-Lavalin. C'est une décision personnelle de sa part, et nous la respectons», a dit à La Presse la porte-parole de SNC-Lavalin, Leslie Quinton, hier. Le haut dirigeant restera toutefois en poste jusqu'au 31 décembre prochain, notamment pour aider à préparer son successeur.

Entré au service de l'entreprise en 1986, Michael Novak a agi pendant plusieurs années comme responsable de la division SNC International. Conjoint de l'ancienne ministre de la Justice du Québec, Kathleen Weil, il est inscrit comme lobbyiste habilité à faire des représentations auprès des élus pour sa société.

Après l'élection du gouvernement Marois, il était l'un de ceux qui avaient rencontré le chef de cabinet adjoint de la première ministre et le premier fonctionnaire du gouvernement, Jean Saint-Gelais, afin de les rassurer sur les pratiques de gouvernance de SNC-Lavalin.

Le nom de Michael Novak revient à plusieurs reprises dans les mandats de perquisition rédigés dans le cadre des enquêtes policières sur les soupçons de corruption reliant SNC-Lavalin à l'ancienne dictature de Mouammar Kadhafi en Lybie. Il a notamment signé certains des contrats avec des «agents étrangers» qui se sont révélés être des sociétés coquilles contrôlées secrètement par Riadh Ben Aïssa, l'ancien vice-président de SNC aujourd'hui accusé de corruption au Québec et en Suisse.

Mais lors d'interrogatoires, M. Novak s'est montré très ouvert et a clairement expliqué qu'il croyait faire affaire avec un consultant externe et ignorait que son collègue empochait des commissions secrètes via ces coquilles. Les policiers n'ont rien trouvé à lui reprocher.

Des cours offerts au fils Kadhafi

Selon des documents judiciaires de la Gendarmerie royale du Canada obtenus par La Presse, Michael Novak a par ailleurs révélé aux policiers qu'il a donné des cours de développement des affaires à Saadi Kadhafi, fils du dictateur lybien, lorsque celui-ci était venu en visite au Canada.

Selon Radio-Canada, M. Novak a aussi été interrogé par les autorités suisses dans le cadre de leur enquête sur Riadh Ben Aïssa et les pots-de-vin versés au régime Kadhafi.

En 2012, M. Novak avait été montré du doigt dans un rapport de la firme de recherche financière Veritas. Les auteurs se demandaient si le haut dirigeant avait eu vent des irrégularités qui se déroulaient dans sa propre division avant de liquider un bloc de quelque 240 000 actions ordinaires de l'entreprise, en mars 2011. Ce bloc représentait 64% des actions détenues par M. Novak. La transaction lui avait permis de réaliser un profit brut de 13 millions.

Moins d'un an plus tard, l'action de SNC s'effondrait à la Bourse, à la suite des révélations sur les paiements douteux et des allégations de corruption. M. Novak avait expliqué avoir agi sur recommandation de son conseiller financier, sans savoir que le prix de l'action risquait de baisser sous peu.

«Il m'a dit qu'à mon âge, 57 ans, ce n'était pas prudent d'avoir toute ma richesse en un seul endroit», avait-il alors dit à La Presse, tout en soulignant qu'il possédait encore près de la moitié de ses avoirs personnels en actions et en unités de capital de SNC.

Michael Novak n'a pas répondu à une demande d'entrevue envoyée par courriel hier.



-Avec la collaboration de Philippe Mercure.