Un membre du comité de politique monétaire de la Banque d'Angleterre a voté contre la trajectoire de taux annoncée la semaine dernière, en raison de craintes sur l'inflation, selon les minutes de la dernière réunion de la banque centrale publiées mercredi.

Le maintien du taux directeur au niveau historiquement bas de 0,50% et du montant total des rachats d'actifs à 375 milliards de livres (600 milliards de dollars CAN) a en revanche fait l'objet d'une décision unanime des neuf membres du comité lors de cette réunion tenue le 31 juillet et le 1er août.

Tout en soutenant le principe de la trajectoire de taux (forward guidance en anglais) annoncée la semaine dernière, Martin Weale a exprimé son désaccord sur les conditions relatives à la défense de la stabilité des prix en votant contre.

La Banque d'Angleterre a opéré un changement majeur inspiré de la Réserve fédérale américaine, sous la houlette de son nouveau gouverneur, le Canadien Mark Carney, en annonçant mercredi dernier qu'elle ne relèverait pas son taux d'intérêt, actuellement au niveau exceptionnellement bas de 0,50%, et ne réduirait pas ses injections massives de liquidités tant que le taux de chômage sera supérieur à 7%.

Cela ne devrait pas arriver au moins avant la fin du deuxième trimestre 2016, date limite des projections de la banque centrale. Selon les dernières statistiques publiées mercredi, le chômage, qui est demeuré inchangé à 7,8% fin juin, reste encore loin de la barre fixée par la Banque d'Angleterre.

Mais Martin Weale a jugé qu'il y avait «un besoin pressant de faire davantage pour gérer le risque» que cette trajectoire des taux «puisse mener à une augmentation des prévisions d'inflation à moyen terme», ont révélé les minutes.

Selon lui, l'institution devrait se soucier de ramener l'inflation proche de son niveau cible de 2% dans un laps de temps plus court que les 18 à 24 mois prévus.

Cette voix dissonante pourrait, selon les analystes, inquiéter les marchés sur la détermination de la banque centrale.

«Le fait que les minutes du comité de politique monétaire de ce mois montrent qu'un membre a voté contre la décision de mettre en place un engagement sur les taux va difficilement rassurer les marchés sur la fermeté de l'engagement du comité de politique monétaire», a estimé Vicky Redwood, chef économiste pour le Royaume-Uni au cabinet Capital Economics.

«Le fait qu'un des membres du comité s'inquiète ouvertement d'un risque d'une augmentation des prévisions d'inflation (...) pourrait alimenter les suspicions du marché sur une hausse des taux d'intérêt par la Banque d'Angleterre avant la mi-2016», a jugé pour sa part Howard Archer, d'IHS Global Insight.

Sur le thème des rachats d'actifs, les minutes ont montré que la majorité des membres du comité jugeaient toujours que le montant du programme restait adéquat, mais n'excluaient pas de l'augmenter si la reprise venait à patiner.

D'autres membres sont en revanche toujours favorables à l'injection de plus de liquidités dans le système financier afin de favoriser la reprise, mais préfèrent attendre de voir les effets sur l'économie de la nouvelle arme de la trajectoire de taux.