Le premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a appelé le gouvernement à freiner les transferts illicites, alors que le montant des devises parties pour l'étranger a dépassé les 30 milliards de dollars depuis janvier, rapporte la presse dimanche.

Le premier ministre a demandé au ministre des Finances, Karim Djoudi, «de prendre toutes les mesures (qu'il jugerait) utiles en vue de renforcer le dispositif de contrôle et de détection des infractions de change, notamment à travers le renforcement des moyens humains et matériels des services des douanes», selon une correspondance citée par l'agence APS.

Pour les cinq premiers mois de 2013, l'Algérie a transféré 30 milliards de dollars de ses devises vers l'étranger, soit 13,7 % de plus qu'à la même période en 2012 (26 milliards de dollars), selon la Banque d'Algérie.

«Le gouvernement a été désemparé devant l'accroissement des importations au premier semestre 2013», explique Le Pr Abderrahmane Mebtoul économiste qui ajoute que la tendance à la hausse sera maintenue au second semestre.

Pour le Pr Mebtoul, il faut «chercher les raisons objectives de cet accroissement démesuré des importations» et cela renvoie à la politique économique du pays et au fait que l'Algérie «ne produit presque rien».

La rente liée aux hydrocarbures (plus de 95 % des exportations algériennes), l'achat des marchandises au cours du marché officiel (écart de 50 % avec le marché parallèle) pousse à la surfacturation, analyse l'économiste.

«Ce n'est pas au ministre des Finances qu'il fallait envoyer cette directive, car la gestion des transferts et du contrôle des changes dépend de la Banque d'Algérie», a indiqué le Pr Mebtoul en précisant que le gouverneur de la Banque d'Algérie est directement sous l'autorité du président de la République et non du ministre des Finances.

L'économiste a rappelé que selon un rapport de la Banque africaine de développement (BAD), le transfert illicite de devises en Algérie, entre 1980 et 2009, a été de 173 milliards de dollars, mais précise ignorer la méthodologie utilisée par la BAD pour arriver à ce chiffre.

En 2012, les douanes algériennes ont constaté 17,33 milliards de dinars (217 millions de dollars) d'infractions de change, selon un rapport conjoint du ministère des Finances et de la Banque d'Algérie.

Le laboratoire français Sanofi Aventis Algérie a été condamné en 2012 pour surfacturation des importations. Les enquêtes des services des douanes et de sécurité ont révélé plusieurs transferts illicites mettant en cause plusieurs entreprises.

Les réserves de change de l'Algérie s'élevaient fin mars à 189 milliards de dollars.