La décision de l'agence de notation Fitch de retirer à la France son triple A, attendue par les investisseurs, a eu un impact limité lundi sur le taux d'emprunt à long terme du pays, qui se maintient à un niveau très bas.

Fitch a annoncé vendredi soir avoir rétrogradé la note de la France à «AA+», avec une perspective «stable», ce qui signifie qu'elle n'envisage pas de la toucher dans «les deux années à venir».

«La bonne nouvelle, c'est que les investisseurs ont plutôt tendance à s'en moquer», estime Erik Nielsen, économiste en chef chez Unicredit.

À 18h00 (12h00 à Montréal), le taux français à 10 ans avait légèrement progressé à 2,211% contre 2,193% vendredi à la clôture sur le marché secondaire, sur lequel s'échange la dette déjà émise.

«La dette était déjà considérée par les investisseurs comme étant AA+», affirme Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis, qui ajoute que «Fitch se contente de s'aligner sur Standard & Poor's et Moody's».

Les deux autres grandes agences de notation ont enlevé à la France son triple A bien avant Fitch, dès 2012, en assortissant toutes deux la note du pays d'une perspective négative.

Une dégradation vouée à passer inaperçue

L'action de Fitch est vouée à passer d'autant plus inaperçue que «les dernières nouvelles sont plutôt encourageantes» sur le plan conjoncturel, indique de son côté Frédérik Ducrozet, économiste chez Crédit Agricole CIB.

Il rappelle notamment que la Banque de France (BdF) a révisé à la hausse début juillet sa prévision de croissance pour l'économie française au deuxième trimestre, à 0,2%, dans sa dernière estimation.

Par ailleurs, souligne-t-il, la production industrielle a certes légèrement reculé en France en mai mais la rechute, attendue après l'important bond d'avril, s'est avérée plus limitée que prévu.

Dans ce contexte, le président François Hollande a affirmé dimanche que la reprise économique était en cours.

Selon lui, la France pourra compter sur une économie qui repart à la hausse, en dépit d'une baisse du taux de croissance mondial. «La reprise, elle est là!», a assuré le président de la République, citant notamment «une production industrielle qui repart».

«Il y a l'assurance que le second semestre sera meilleur que le premier», a fait valoir M. Hollande.

Enfin, les investisseurs «regardent principalement l'effet de seuil» des changements de note, à savoir le rapprochement ou le passage éventuel dans une catégorie désignée comme étant spéculative, c'est-à-dire synonyme d'un risque élevé, souligne M. Regnat. Et la France est encore loin d'un tel changement pouvant inquiéter les marchés.

De ce point de vue, l'abaissement de la note de l'Italie par l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) la même semaine que la France a «provoqué une résurgence des craintes sur l'Espagne, qui est plus proche de passer en territoire spéculatif, notamment chez S&P», indique M. Regnat.

Ainsi, le taux français, qui évolue en sens inverse de la demande, tombé sous 1,7% en mai dernier - un plus bas historique -, reste pour l'heure à des niveaux très bas, permettant au pays de se financer à bon compte.

Lors de ses émissions à moyen et long terme, le pays se finance d'ailleurs au taux de 1,39% en moyenne depuis le début de l'année. En 2012, ce taux était à 1,86%, un niveau déjà très bas, a précisé à l'AFP l'Agence France Trésor, chargée de placer la dette sur les marchés.

Sur le marché secondaire, il est un peu plus élevé que celui de l'Allemagne, qui a progressé lundi à 1,578% contre 1,560% vendredi.