Le premier ministre portugais a annoncé jeudi qu'une «formule» avait été trouvée pour assurer la stabilité du gouvernement en vue de régler la crise politique qui a déstabilisé ce pays sous assistance financière internationale et inquiété ses partenaires européens et les marchés financiers.

«Une formule a été trouvée, qui va permettre d'assurer la stabilité du gouvernement», a déclaré le premier ministre Pedro Passos Coelho après un entretien avec le président Anibal Cavaco Silva, sans donner de détails sur la solution trouvée, ajoutant que des discussions se poursuivaient pour en préciser le contenu.

Le chef de l'État, qui ne s'est pas encore prononcé, doit rencontrer lundi les partis politiques d'extrême gauche, après s'être entretenu mercredi avec le socialiste Antonio José Seguro, leader de la principale formation de l'opposition, qui demande des élections législatives anticipées.

Suite aux appels à une «clarification» urgente lancés la veille par Bruxelles et au coup de semonce des marchés, le chef de gouvernement de centre droit a mené depuis mercredi soir d'intenses négociations avec le ministre des Affaires étrangères Paulo Portas, dont la démission a déclenché une crise politique majeure.

M. Portas est également leader du petit parti conservateur CDS-PP, partenaire du Parti social-démocrate du Premier ministre et dont le soutien indispensable pour que la coalition conserve la majorité au Parlement.

M. Passos Coelho a refusé la démission de M. Portas, suite au départ lundi du ministre des Finances, Vitor Gaspar, principal garant de l'application stricte du programme d'austérité que le Portugal s'est engagé à mettre en oeuvre en échange d'une aide internationale de 78 milliards d'euros accordée en mai 2011.

La démission de M. Portas «relève d'une décision personnelle et ne remet pas en cause le soutien du CDS-PP au gouvernement», a indiqué jeudi le premier ministre.

Espérant une sortie de crise rapide, l'Europe s'est voulue rassurante.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a ainsi estimé que la crise politique au Portugal aurait un impact limité.

«Je pense que l'euro est de nouveau vu sur les marchés comme suffisamment stable pour que la situation politique dans un seul pays (...) ne signifie pas une crise pour la stabilité de l'euro en lui-même», a-t-il affirmé.

Éviter des élections anticipées

Le Portugal a jusqu'ici «obtenu des résultats très remarquables, voire exceptionnels», a souligné Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), une des institutions qui, avec la Commission européenne et le Fonds monétaire international, composent la «troïka» des créanciers du pays.

Soucieux de rester dans les bonnes grâces de ses bailleurs de fonds, M. Passos Coelho a assuré jeudi qu'il mettrait tout en oeuvre pour que «le gouvernement poursuive son travail».

«La perspective d'élections anticipées est si terrifiante pour le PSD, que le premier ministre fera tout pour sauver la coalition», a expliqué à l'AFP Antonio Costa Pinto, politologue à l'Université de Lisbonne.

Témoignant d'un apaisement, la Bourse de Lisbonne a rebondi de près de 4% à la clôture après s'être effondrée mercredi de 5,31%. Les taux des emprunts portugais à dix ans se sont détendus en fin de séance après avoir dépassé la veille le seuil des 8% pour la première fois depuis novembre.

Mais même si M. Passos Coelho parvient à éviter la convocation d'élections anticipées que réclame l'opposition socialiste, «la coalition sortira de toute façon affaiblie et aura du mal à appliquer les mesures exigées par la troïka», a prévenu le politologue Antonio Costa Pinto.

Les créanciers doivent entamer le 15 juillet un nouvel examen du plan d'aide au Portugal, dont le plat de résistance devait être une réforme de l'État visant à couper 4,7 milliards d'euros supplémentaires dans les dépenses publiques, et qui devait être bouclé précisément par M. Portas.

En dépit des coupes budgétaires et des hausses d'impôts sans précédent, la dette publique du Portugal représente déjà 120% du PIB et le déficit était de 10,6% à la fin mars, alors que Lisbonne s'est engagé à le ramener à la fin de l'année à 5,5%, un objectif déjà assoupli à deux reprises en raison de l'ampleur inattendue de la récession économique et du chômage.