La fermeture soudaine de la radiotélévision publique ERT, entraînant le licenciement d'environ 2 700 employés, s'inscrit dans le cadre des engagements de la Grèce pour poursuivre les réformes et réduire le secteur public, a indiqué dimanche le premier ministre conservateur Antonis Samaras.

«La suppression de 2 000 emplois d'ici à fin juin dans le secteur public a été signée par l'ensemble des chefs des trois partis de la coalition gouvernementale», s'est défendu M. Samaras en répondant aux deux autres partenaires de la coalition gouvernementale, les socialistes Pasok et  la Gauche démocratique (Dimar), qui se sont opposés à la fermeture de la ERT.

Où faudrait-il couper ces emplois et non pas à l'indigne ERT  (...), l'un des bastions d'opacité et des privilèges?», s'est demandé M. Samaras en accusant «d'hypocrisie» les deux autres partis gouvernementaux, lors d'une conférence de son parti de droite Nouvelle-Démocratie.

Le Pasok et la Dimar ont appelé M. Samaras à rouvrir la ERT tout en admettant «la nécessité ensuite de la restructuration» de cet organisme historique considéré toutefois comme un nid de clientélisme et de dysfonctionnement.

Dans le plan d'assainissement de l'économie dicté par la troïka des créanciers, UE-BCE-FMI, dont les hauts responsables ont repris la semaine dernière à Athènes l'audit régulier des comptes grecs, figure la réduction du nombre des fonctionnaires et la suppression ou fusion des organismes publics.

Pour répondre aux pressions de la troïka, qui avait à plusieurs reprises souligné depuis le début de l'année le retard pris dans les réformes, le gouvernement avait indiqué en mars qu'il allait dans un premier temps tenter de licencier d'ici juin environ 2.000 fonctionnaires jugés corrompus, mesure qui n'a jusqu'ici pas été réalisée.

«Personne ne nous a demandé de fermer la ERT, nous avons choisi de le faire car ce serait une grande injustice de ne pas toucher à ceux qui bénéficiaient de privilèges», a dit M. Samaras répondant aux syndicats et au parti principal de l'opposition la Gauche radicale (Syriza) qui accusent le gouvernement de se soumettre «aux dictats de la troïka (UE-BCE-FMI)».

Une réunion cruciale est prévue lundi soir entre M. Samaras et les chefs du Pasok et du Dimar, Evangélos Vénizélos et Fotis Kouvelis pour tenter de résoudre l'imbroglio provoqué au sein de la coalition gouvernementale, formée il y a juste un an sur fond d'une crise politique et économique grave.

Alors que des rassemblements en faveur de la réouverture de la ERT continuent pour la sixième journée consécutive à Athènes et dans d'autres villes, certains analystes craignent une nouvelle crise politique dans le pays, plongé pour la sixième année consécutive dans la récession.

«Le dilemme n'est pas le déroulement ou non des élections, personne ne veut le recours aux élections (...). Nous n'allons pas laisser le pays dans l'instabilité», a lancé M. Samaras en renvoyant ainsi la balle aux deux autres partis qui devraient décider s'ils continueront à soutenir la coalition.

«Le dilemme actuellement c'est de savoir si oui ou non on va procéder à des réformes, et qui sera celui qui va assumer la responsabilité de les soutenir ou les empêcher», a ajouté le premier ministre.