Les dirigeants des pays du G8 seront isolés pour leur sommet sur une presqu'île d'Irlande du Nord, dans une région bucolique qui était au temps des «troubles» un bastion de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) inaccessible à la police.

Pour ces discussions les 17 et 18 juin, les dirigeants des huit pays les plus industrialisés seront hébergés dans le complexe hôtelier de luxe de Lough Erne, comprenant golf et spa, entouré de lacs et de rivières. La ville la plus proche, Enniskillen, est à huit kilomètres.

Ce lieu reculé a été choisi par le premier ministre britannique David Cameron, hôte du sommet, pour des raisons de sécurité, afin de tenir à bonne distance les militants anticapitalistes qui manifestent régulièrement lors des sommets du G8.

En plus d'être difficilement accessible, la réunion sera entourée par la plus grosse opération de police de l'histoire de l'Irlande du Nord: quelque 8000 membres des forces de l'ordre seront déployés pour l'occasion, même si beaucoup d'entre eux seront stationnés à quelque 130 km de là, à Belfast, où des manifestations sont prévues samedi.

Une barrière de sécurité a été érigée autour du complexe et une portion du lac a été fermée.

Dans cette province britannique à l'histoire mouvementée, la police redoute aussi une attaque de la part de républicains irréductibles opposés au processus de paix ayant mis fin à trente années de «troubles». Ces violences intercommunautaires entre républicains catholiques et loyalistes protestants ont fait quelque 3.500 morts.

«Nous sommes sur le qui-vive en permanence, c'est notre travail habituel, c'est la triste réalité de l'Irlande du Nord», déclarait mercredi à la presse Alistair Finlay, un haut responsable de la police d'Ulster.

À cet égard, le choix de cet emplacement jadis rebaptisé «contrée des bandits» est particulièrement symbolique. Il vise à montrer les progrès réalisés par l'Irlande du Nord depuis la signature en 1998 de l'Accord du Vendredi saint établissant un partage du pouvoir entre protestants et catholiques.

La ville d'Enniskillen avait été le théâtre d'un attentat à la bombe de l'IRA en 1987: 11 personnes avaient été tuées et 63 blessées lors d'une cérémonie en l'honneur des soldats tués à la guerre.

Aujourd'hui, malgré un contexte économique morose, Enniskillen est une ville animée, qui a bénéficié d'une rénovation de taille pour accueillir le sommet.

La décision d'appliquer des autocollants sur les devantures de deux magasins désaffectés dans le village voisin de Belcoo, afin de donner une impression d'activité, a donné lieu à des commentaires amers dans la presse. Mais les autorités locales jugent l'initiative isolée, et anecdotique.

«Enniskillen n'a jamais été aussi belle», constate Brendan Hegarty, directeur exécutif du conseil du district de Fermanagh, auprès de l'AFP. «L'habillage des vitrines de ces magasins n'est qu'un fait marginal», assure-t-il.

Peuplée de quelque 13 000 habitants, «la Venise d'Irlande», où les écrivains Samuel Beckett et Oscar Wilde sont allés à l'école, espère attirer l'attention des dirigeants mondiaux.

«Cela va être une merveilleuse vitrine pour cette partie de l'Irlande du Nord, que les gens ne connaissent pas très bien, j'espère que le monde pourra en avoir une bonne vision et apprécier ce qu'il voit», a commenté mercredi David Cameron devant des journalistes.

Même si aucune visite n'est officiellement prévue, «on espère voir quelqu'un sortir des lieux de la réunion (et venir à Enniskillen), il y aurait une certaine déception si cela n'arrivait pas», confie Brendan Hegarty.

«Nous comprenons les problèmes liés à la sécurité et à la logistique mais s'ils viennent jusqu'ici, nous sommes prêts à leur montrer à quel point cet endroit est fantastique», poursuit-il.