L'ancien dirigeant de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a estimé mercredi que la crise économique qui a frappé l'Europe avait fait la preuve de la résilience de l'euro.

La valeur de l'euro est maintenant supérieure à celle qu'avait la devise commune au moment de son introduction, en dépit de la crise qui a plongé le continent en pleine récession, confondant les observateurs qui prévoyaient la disparition de la devise, a indiqué M. Trichet.

L'ancien politicien français a affirmé à des analystes, lors de la conférence de Montréal du Forum économique international des Amériques, que la zone euro progressait et inspirait de nouveau confiance, mais que le nuage de la crise planait encore sur elle.

Les dirigeants européens doivent continuer de se consacrer à des réformes structurelles de l'union politique, a ajouté M. Trichet, précisant qu'ils devaient éviter de faire preuve de complaisance.

Abordant la même question, le président et chef de la direction de Bloomberg, Daniel Doctoroff, a affirmé que l'Europe faisait encore face à de sérieux problèmes, même si la principale source de risque a été éliminée.

Le plus grand défi qui attend les décideurs européens est de déterminer ce qu'ils devront faire pour que l'Europe connaisse de nouveau une croissance robuste, a-t-il indiqué.

Les institutions financières ont été lentes à réagir à la crise, en partie pour des raisons culturelles et à cause de la nature du gouvernement en Europe, où 17 pays forment l'union monétaire, a aussi dit M. Doctoroff.

Un accord UE-Amérique du Nord?

Par ailleurs, un ancien diplomate mexicain a estimé plus tôt mercredi que les efforts faits par le Canada et les États-Unis pour conclure des accords de libre-échange avec l'Europe devraient éventuellement donner lieu à une entente nord-américaine impliquant le Mexique.

«Je sais que cela cause pas mal de brûlures d'estomac à (...) Washington, mais il faudra éventuellement faire un pas dans cette direction», a déclaré Arturo Sarukhan, ancien ambassadeur du Mexique aux États-Unis.

M. Sarukhan a affirmé qu'une entente continentale de libre-échange était nécessaire afin d'harmoniser les règles commerciales entre l'Union européenne (UE) et les pays signataires de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) - le Canada, les États-Unis et le Mexique.

L'absence de liens entre trois processus parallèles de libre-échange aurait pour effet de perturber les chaînes d'approvisionnement nord-américaines et les échanges commerciaux avec l'Europe, a indiqué M. Sarukhan.

Selon lui, cela pourrait causer du tort aux secteurs de l'automobile et de l'aéronautique, par exemple, car les entreprises européennes et nord-américaines de ces industries mènent leurs activités sur les deux continents.

«Imaginez ce qui se passera en matière d'accès aux marchés, d'exportations, de règles d'origine, si on a trois traités distincts parallèles (avec l'Europe) au lieu d'un seul englobant les trois partenaires», a affirmé M. Sarukhan lors d'un entretien. «Ça n'a aucun sens.»

M. Sarukhan a certes reconnu que le passage à l'échelon supérieur ne se ferait pas rapidement en raison des préoccupations de Washington, qui craint que cela puisse ralentir son propre processus de négociation, imminent. L'ex-diplomate a cependant dit ne voir aucune opposition de nature philosophique de la part du Canada ou des États-Unis à ce sujet.