La France doit maintenir «l'élan» des réformes engagées depuis un an pour lever les «fortes rigidités» qui entravent son économie en panne de croissance, a estimé mardi le Fonds monétaire international (FMI) au terme de sa mission d'évaluation annuelle dans le pays.

Une fois de plus, l'institution financière abaisse légèrement ses prévisions de croissance de l'économie française: la récession devrait être de 0,2% cette année et l'activité ne redémarrerait que très mollement en 2014, avec un rebond du produit intérieur brut (PIB) de 0,8%. Mi-avril, le FMI tablait sur une récession plus limitée, de 0,1% en 2013, et une croissance de 0,9% l'an prochain.

Ce surcroît de pessimisme «reflète en grande partie un phénomène général en Europe, avec une reprise qui tarde à se matérialiser», a expliqué à la presse à Paris le chef de mission du Fonds pour la France, Edward Gardner.

En outre, des «risques baissiers» planent sur ce scénario, prévient le FMI, car par exemple «l'incertitude sur la politique fiscale» du gouvernement «pèse sur les décisions de dépenses des ménages et des entreprises».

Selon Edward Gardner, le chômage va donc «continuer à augmenter». «Il sera difficile d'inverser cette hausse d'ici la fin de l'année», comme l'a promis le président François Hollande, a-t-il déclaré.

Dans ce contexte, le principal «défi» est de «restaurer la compétitivité et de relancer la croissance», car «de fortes rigidités entravent la capacité de l'économie à croître et à créer des emplois», expliquent les experts de l'institution de Washington dans un communiqué.

Selon le FMI, depuis sa mission d'évaluation de l'an dernier, «les autorités ont fait des progrès significatifs sur le front des réformes structurelles».

Mais les principaux acquis de la première année du quinquennat Hollande, soit, aux yeux du Fonds, le crédit d'impôt pour la compétitivité des entreprises et la réforme du marché du travail, ne sont que de «premières étapes d'un processus qui doit être approfondi», a insisté le chef de la mission.

«Cet élan doit être maintenu et élargi», plaide l'organisation dirigée par l'ex-ministre française Christine Lagarde, qui recommande une «montée en puissance des réformes».

Fidèle à sa doctrine, le Fonds appelle notamment la France à insuffler davantage de «concurrence» sur les marchés des biens et des services, notamment dans les professions réglementées, les transports et le commerce de détail.

«La concurrence doit être vue comme un instrument pour créer des emplois, pas comme un instrument qui risque d'en détruire», a assuré Edward Gardner.

Sur ce point, la réponse du gouvernement n'a pas tardé. Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a évoqué devant des journalistes «les risques de l'augmentation de la concurrence qui sont parfois destructifs et qui empêchent finalement les entreprises d'investir». «La politique de la concurrence n'est pas l'alpha et l'oméga de la politique industrielle», a-t-il balayé.

Le FMI a aussi conseillé de baisser le coût du travail pour les travailleurs peu qualifiés, via un «assouplissement des contrats».

Sur le front budgétaire, le Fonds s'est montré conciliant sur le rythme de la réduction du déficit public, qui peut désormais être ralenti, mais intransigeant sur l'effort attendu. L'institution demande à Paris d'agir dorénavant «uniquement» sur le levier des dépenses.

«Il n'y a plus de marge pour augmenter la pression fiscale», qui a déjà atteint des niveaux «excessifs», a insisté le chef de mission, au lendemain de l'annonce d'une réforme de la politique familiale qui passera justement par une hausse des impôts plutôt que par une baisse des allocations.

Pour le FMI, ce scénario ne doit pas se répéter lors de la prochaine réforme des retraites: s'il défend un allongement de la durée de contribution, Edward Gardner juge qu'une hausse des cotisations elles-mêmes est l'option «la moins désirable».