L'UE a promis jeudi de s'attaquer rapidement au chômage des jeunes, le président de la Commission José Manuel Barroso plaidant pour un plan «ambitieux» lors du sommet européen de juin car on ne «peut attendre plus longtemps» en raison de «l'urgence sociale».

Parallèlement, et face au marasme économique persistant en zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) était sous pression pour baisser son principal taux directeur, même si cette mesure pourrait n'avoir au final que peu d'effet.

Évoquant le pacte pour la croissance de 120 milliards d'euros décidé l'an dernier par les chefs d'État et de gouvernement des 27, M. Barroso a reconnu que sa «concrétisation reste en dessous de nos attentes».

Ce serait «excellent si on arrivait pour juin à renforcer cette dimension, notamment avec un plan plus ambitieux de lutte contre le chômage des jeunes», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à l'issue d'une rencontre avec le nouveau chef du gouvernement italien, Enrico Letta.

Ce dernier a réaffirmé que la lutte contre le chômage des jeunes était la priorité de son gouvernement, soulignant que c'était le «cauchemar de son pays et de l'UE».

Dans un contexte de hausse quasi généralisée du chômage en Europe, le taux de chômage des jeunes atteint des records dans les pays les plus fragiles: plus de 59% en Grèce, près de 56% en Espagne, mais aussi 38,4% en Italie et 38,3% au Portugal.

Dans le cadre du budget pluriannuel pour la période 2014-2020, l'Union européenne a prévu une «Initiative pour les jeunes» dotée de 6 milliards d'euros pour les régions où le taux de chômage des jeunes est supérieur à 25%. Treize États membres sont concernés.

Mais M. Barroso a reconnu jeudi qu'à «elle seule, cette initiative ne pouvait pas résoudre le problème». «Nous avons besoin d'efforts plus tôt». «Il faut aller au-delà de la politique de correction des déficits par des mesures de réforme, de compétitivité de notre économie et aussi des mesures qui dans le court terme peuvent relancer l'espoir», a-t-il résumé.

Mais il n'a pas fourni de pistes plus concrètes, évoquant seulement le budget européen rectificatif pour 2013 et un «partage» entre des «instruments» européens et des «efforts» au niveau de chaque pays concerné.

Mercredi, le président français François Hollande avait suggéré d'anticiper «peut-être dès la fin de l'année» le programme européen de lutte contre le chômage des jeunes.

M. Letta, qui terminait jeudi une tournée européenne l'ayant conduit à Berlin, puis à Paris et Bruxelles, a affirmé qu'il allait rentrer à Rome «plus optimiste». «Il y a prise de conscience de la lassitude sociale (...). Le sommet européen de juin doit donner des messages concrets dans la lutte contre le chômage des jeunes».

Reste à convaincre l'Allemagne, toujours hostile à l'augmentation des dépenses et dont la chancelière Angela Merkel a rappelé encore lundi à M. Letta sa détermination à lutter contre les déficits.

À Bruxelles, le nouveau chef du gouvernement italien a réaffirmé pour la énième fois sa volonté de respecter les engagements européens de son pays, notamment en matière de déficits publics.

Il a annoncé lundi une série de mesures de relance, notamment le non-paiement prévu en juin de la deuxième quote-part annuelle de la taxe foncière sur la résidence principale. Au total, ces mesures sont évaluées à quelque 10 milliards d'euros, ce qui l'obligera à prendre des mesures pour ne pas faire gonfler son déficit au-delà des 3%.

M. Barroso s'est dit «très confiant» dans le fait que l'Italie puisse sortir dès cette année de la procédure de déficit excessif. Mais il a prévenu que cela dépendait des mesures «concrètes» que le nouveau gouvernement allait présenter à Bruxelles, qui doit annoncer sa décision fin mai.

«Nous allons travailler afin d'obtenir un résultat positif», a promis M. Letta.

Selon l'OCDE, l'Italie a accompli des progrès en matière d'assainissement budgétaire et de réformes, mais demeure vulnérable à de possibles changements d'humeur des marchés financiers en raison de sa forte dette, proche de 130% du PIB.

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