Plus de 60% des 800 plus grandes entreprises mondiales ne publient pas ou publient de façon insatisfaisante leurs émissions totales de dioxyde de carbone (CO2) et d'autres gaz à effet de serre, selon une étude publiée mercredi par une association britannique.

37% de ces groupes publient leurs émissions complètes, conformément aux principes de base en la matière. Seuls 21% font valider leurs données à l'extérieur, selon un classement réalisé par l'Environmental Investment Organisation (EIO).

Au final, environ 300 de ces entreprises révèlent correctement leurs émissions, quand 500 ne le font pas. De façon générale, l'Europe est plus honnête: les grandes sociétés du Vieux Continent sont trois fois plus transparentes que les autres, selon l'EIO.

Parmi les «transparents», l'énergéticien allemand RWE est l'entreprise qui émet le plus de gaz à effet de serre au monde, devant le français GDF Suez et un autre opérateur d'outre-Rhin, EON.

Les émissions directes (dites «Scope 1») et indirectes ou «Scope 2» (découlant de l'achat d'électricité qui a elle-même émis du CO2) de RWE représentent chaque année l'équivalent de 166,2 millions de tonnes de CO2, pour 156,9 millions de tonnes pour GDF Suez et 146,2 millions pour EON, selon la liste établie par EIO.

Dans le top 10 des émetteurs, on trouve trois autres producteurs d'électricité: l'american Electric Power (5e), l'italien Enel (7e) et l'américain Duke Energy (10e).

Parmi les autres membres de ce club des gros contributeurs au réchauffement climatique, on trouve des pétroliers: l'américain ExxonMobil (4e) et le russe Gazprom, ainsi que deux cimentiers, le suisse Holcim (8e) et le français Lafarge (9e), dans un secteur lui aussi très glouton en énergie.

Mais le rapport épingle aussi de nombreux groupes non transparents. Parmi les dix plus grands d'entre eux, figurent plusieurs entreprises américaines (First Energy, Edison International dans l'électricité, Anadarko, Phillips 66 et EOG Resources dans le pétrole...), les Russes Lukoil et Surgutneftegas, l'Australien Origin Energy, le Canadien Pembina Pipeline et le Chinois Petrochina.

À l'inverse, parmi les entreprises les plus transparentes, l'ONG salue notamment le chimiste allemand BASF ainsi que plusieurs groupes de télécoms, dont France Télécom.

Quel bilan pour les 30 entreprises françaises figurant dans le classement? De façon générale, la France fait plutôt figure de bon élève, au 7e rang mondial en matière de transparence, selon EIO, avec un podium constitué de l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne.

Deux géants français sont épinglés dans la catégorie «pas de données publiques» (Safran et Sodexo) et dix dans la catégorie «données incomplètes» (Technip, Carrefour, Vivendi, Schneider Electric, Société Générale, Pernod Ricard, Christian Dior, Unibail-Rodamco, BNP Paribas et Axa).

Pour ceux dont les données sont complètes, on trouve dans l'ordre du top 10 des plus gros émetteurs derrière GDF Suez et Lafarge : Total (51,0 millions de tonnes), Air Liquide (20,5 Mt), Saint-Gobain (19,1 Mt), Michelin (4,0 Mt), Vinci (2,3 Mt), Sanofi et France Télécom (1,4 Mt) et Alstom (0,5 Mt).

Quand elles sont calculées, les émissions indirectes dites de Scope 3, qui incluent la chaîne logistique de l'entreprise (transport de matières premières, marchandises déchets, etc.), ainsi que les émissions de transport des employés, sont également comptabilisées, mais séparément. En moyenne, celles-ci représentent souvent autour de 50% d'émissions supplémentaires.

Beaucoup d'efforts restent donc à réaliser, alors même que les émissions de CO2 connaissent une hausse préoccupante : elles ont atteint un record absolu de 31,6 milliards de tonnes au niveau mondial en 2011, tirées notamment par l'émergence de la Chine, premier pollueur de la planète. Et la tendance ne devrait pas s'inverser dans les années à venir, ouvrant la voie à un réchauffement climatique de plusieurs degrés d'ici la fin du siècle.