Les pays riches et émergents du G20 ont «exhorté» vendredi la communauté internationale à s'attaquer aux racines du secret bancaire et à «faire davantage» pour soutenir une reprise économique fragmentée et fragile.

«Nous (...) exhortons toutes les juridictions (États, ndlr) à avancer vers l'échange automatique d'informations» bancaires et à en faire «la règle générale» sur le globe afin de lutter contre l'évasion fiscale, a indiqué le communiqué des ministres des Finances du G20 publié à l'issue d'une réunion à Washington.

À l'heure actuelle, les pays liés entre eux par un accord doivent disposer d'informations extrêmement détaillées (nom, établissement bancaire...) avant de demander des renseignements sur un particulier soupçonné d'évasion fiscale.

Sous l'impulsion des États-Unis, un groupe de pays européens, incluant la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, ont appelé la semaine dernière à passer à un système automatique qui obligerait les banques à informer les pays concernés dès qu'elles reçoivent des fonds d'un déposant étranger.

À l'issue d'une réunion sur deux jours, le G20 a repris ce message et confié le dossier à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

«La Chine a fait de la résistance et ralenti les négociations», a indiqué à l'AFP une source proche des négociations, selon qui les pays en développement ne sont pas, pour le moment, concernés par cette avancée.

Après avoir émergé en 2009 dans le sillage de la crise financière, la lutte contre l'opacité financière est revenue sur le devant de la scène à la faveur de l'«Offshore leaks», les révélations en cascade sur des placements offshore, et de l'affaire du compte suisse de Jérôme Cahuzac, ex-ministre français du Budget.

«Il reste encore à faire pour s'attaquer aux problèmes de l'optimisation fiscale et de l'évasion fiscale internationale, notamment via les paradis fiscaux», a reconnu le communiqué commun du G20.

Revenant sur l'état de l'économie mondiale, les ministres des Finances ont estimé que des «risques majeurs» avaient été évités, notamment l'éclatement de la zone euro, mais déploré que la reprise restait «inégale» à travers la planète, en écho aux craintes soulevées cette semaine par le FMI.

«Des actions supplémentaires sont requises pour parvenir à une croissance forte, durable et équilibrée», a estimé le G20-Finances, qui a adopté une formulation très prudente sur le débat lancinant concernant l'austérité.

«Il est essentiel de préserver la viabilité budgétaire dans les pays développés», s'est contenté d'indiquer le G20 dans son communiqué, sans préciser quelle voie était selon, lui, la plus appropriée.

Sur le sujet, les dissensions au sein de la communauté internationale n'ont pas vraiment faibli.

Alors que le ministre français de l'Économie Pierre Moscovici appelait à ne pas «ajouter l'austérité à la récession», son homologue allemand continuait de camper sur ses positions d'orthodoxie budgétaire.

«La réduction des déficits dans la zone euro doit se poursuivre», a déclaré Wolfgang Schäuble. «Les Européens sont en voie de résoudre leurs problèmes. Et cela prend du temps avant qu'ils ne renouent avec la croissance», a-t-il ajouté.

Dans un entretien dans la presse allemande, il a même appelé la Banque centrale européenne à limiter le montant des liquidités en circulation dans la zone euro, au risque de resserrer les conditions du crédit.

La patronne du FMI, Christine Lagarde, avait pourtant estimé jeudi que la BCE disposait encore de «marges de manoeuvre», notamment sur le niveau de son taux d'intérêt.

«Il y a un risque de crise prolongée, en dépit de tous nos efforts au G20 et dans d'autres instances internationales», s'est pour sa part inquiété le ministre brésilien des Finances Guido Mantega

Les ministres du G20 ont au moins réussi à s'entendre pour renouveler leur engagement à ne pas s'engager dans une guerre des monnaies.

Soupçonné d'avoir assoupli sa politique monétaire pour faire baisser le yen, le Japon a finalement reçu une forme d'assentissement du G20 qui a estimé que ces mesures visaient d'abord à combattre la «déflation» à soutenir «la demande intérieure».