Même s'il était signé aujourd'hui, l'accord de libre-échange Canada-Union européenne n'aurait pas le temps d'être adopté par le Parlement européen avant les élections du printemps 2014. C'est ce que croit l'ancien capitaine des Nordiques de Québec, Peter Stastny, aujourd'hui rapporteur désigné par ce Parlement pour suivre les négociations.

«Je suis déçu et très mécontent de la manière dont ça se passe et ça se prolonge», a déclaré M. Stastny au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse, jeudi.

En 2009, au début des pourparlers, la date de conclusion avait été fixée pour 2011. Elle a ensuite été reportée en 2012. Or, depuis quelques mois, le Canada n'ose plus parler d'échéancier.

Ces délais ne sont pas une bonne nouvelle pour le premier ministre Stephen Harper non plus: ils augmentent les risques qu'il se présente les mains vides devant l'électorat canadien aux élections de 2015, après avoir promis de conclure un accord de libre-échange avec l'Union européenne «d'ici 2012» (et avec l'Inde, «d'ici 2013»).

Or, selon M. Stastny, l'entrée en vigueur d'un accord Canada-UE pourrait attendre encore plusieurs mois, voire quelques années.

Au cours de cet entretien téléphonique avec La Presse, l'eurodéputé et membre du Parti populaire européen a expliqué que la signature d'un accord de libre-échange serait suivie par l'étape technique de la traduction en 23 langues et de la révision légale, puis de la ratification par les États membres et par le Parlement. «Ce sont toutes des procédures qui prennent du temps et il est presque impossible de le faire en moins d'un an et demi», a-t-il précisé.

«Si quelque chose devait arriver maintenant, ça nous reporterait probablement à septembre ou octobre 2014... Donc, pour cette session parlementaire, ça semble être impossible», a-t-il conclu.

Espoir et incertitudes

Malgré tout, le joueur de hockey devenu politicien n'a pas perdu l'espoir qu'un accord soit adopté un jour. Il s'est servi de l'exemple du retour d'une équipe de la Ligue nationale à Québec pour illustrer son optimisme: «C'est comme l'accord de libre-échange. Ça va se faire, a-t-il tranché. La question, c'est quand.»

Mais il reconnaît que la situation apporte son lot d'incertitudes.

«En ce moment, de la manière dont le Parlement est formé, je n'ai pas le moindre doute que ça passerait. Mais qui sait ce qui arriverait dans le prochain Parlement? J'espère qu'il n'y aura pas de grandes différences», a-t-il dit, avant d'ajouter qu'il serait surprenant que les principaux partis changent leur position de manière aussi «drastique» en l'espace de quelques mois.

À ces élections européennes s'ajoute le début de négociations avec les États-Unis en juin prochain pour conclure un autre accord commercial d'envergure. Ces négociations pourraient aussi compliquer les choses du point de vue de la logistique, puisqu'elles pourraient accaparer énormément de ressources au sein de l'appareil bureaucratique européen. «C'est une distraction, a convenu M. Stastny. Il y a les ressources humaines... Ce n'est pas une bonne nouvelle.»

Agriculture et compromis

Peter Stastny a promis de continuer à «pousser» pour concrétiser ce qu'il a décrit comme son «bébé».

Il a confié que l'agriculture demeure l'un des sujets de discorde les plus persistants dans ces négociations. «Les appels d'offres sont mentionnés, mais c'est surtout l'agriculture et les règles d'origine qui sont difficiles, et la protection des investissements - certains mécanismes de résolution de conflits.»

Malgré sa déception, il a pris soin de ne blâmer ni le Canada ni l'UE. «C'est une question de faire les bons compromis, a-t-il insisté. Il y a de la pression des deux côtés et en fin de compte, personne ne va être totalement satisfait, mais les deux côtés profiteront des bénéfices.»

«Le cadre est là, il est terminé. J'ai l'impression que ça ne prendrait vraiment pas beaucoup de changements...»