Les Européens se retrouvent vendredi à Dublin pour mettre la dernière main au programme d'aide pour Chypre, examiner la crise au Portugal qui a ravivé les tensions dans la zone euro, mais aussi se pencher sur la lutte contre l'évasion fiscale.

Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent exceptionnellement dans la matinée, avant d'être rejoints dans l'après-midi puis samedi par leurs homologues ne faisant pas partie de l'Union monétaire.

Première tâche: se prononcer sur l'ensemble de mesures que doit mettre en oeuvre Chypre pour bénéficier d'une aide de 10 milliards d'euros et recevoir comme prévu un premier versement début mai.

Le plan en faveur de Chypre a créé un choc en mettant à contribution pour la première fois certains déposants. Une mesure finalement abandonnée prévoyait de taxer tous les dépôts bancaires à Chypre, quel que soit leur taille. Au final, les bailleurs de fonds ont décidé de mettre à contribution uniquement les déposants au-dessus de 100 000 euros. Ils ont exigé également une réduction drastique du secteur bancaire de l'île, qui pèse très lourd dans l'économie chypriote.

La première banque du pays, Bank of Cyprus, est en cours de restructuration, et la deuxième, Laïki, va être purement et simplement liquidée. Les gros comptes de Bank of Cyprus doivent subir une ponction qui pourrait aller jusqu'à 60%, et ceux de la Laïki resteront gelés pendant des années, avant qu'un éventuel solde ne soit versé à leur titulaire une fois la banque dissoute.

À cela, s'ajoutent des réformes douloureuses pour les Chypriotes, dont une hausse des impôts, une baisse des effectifs de la fonction publique et des privatisations.

C'est ce programme qui doit être validé vendredi. Du feu vert de la zone euro dépend le versement dans les temps de la première partie de l'aide. Or sans elle, Nicosie serait en difficulté, car le pays a besoin de 75 millions d'euros pour payer ses fonctionnaires et les retraites dans les semaines qui viennent.

En attendant, Chypre a déjà obtenu deux années de plus, soit jusqu'à 2018, pour atteindre les objectifs budgétaires fixés par la troïka en échange du prêt.

La zone euro se penchera également sur la Grèce, qui attend le versement de 6 milliards d'euros. Les ministres feront aussi le point sur la situation du Portugal. Lisbonne, comme Dublin, devait initialement obtenir vendredi un allongement des prêts accordés dans leur programme d'assistance financière. L'UE avait donné un accord de principe.

Mais le rejet de plusieurs mesures d'austérité par la Cour constitutionnelle portugaise complique la donne. Le dos au mur, le gouvernement portugais n'a d'autre choix que d'imposer de nouvelles mesures pour respecter ses objectifs budgétaires.

«La mise en oeuvre continue et déterminée du programme d'aide (...) est une condition préalable à un éventuel allongement des prêts accordés au Portugal», a rappelé cette semaine la Commission européenne, tout en se disant favorable à une telle mesure.

Les Européens vont enfin discuter de la lutte contre l'évasion fiscale, un sujet au coeur de l'actualité avec l'affaire Cahuzac en France, les révélations de «l'Offshore Leaks» sur les paradis fiscaux et le changement de ton au Luxembourg, qui se dit prêt à assouplir son secret bancaire.

Le premier ministre du Grand-Duché, Jean-Claude Juncker, a annoncé mercredi que son pays allait introduire l'échange automatique de données bancaires «à partir du 1er janvier 2015». Une prise de position qui va mettre un peu plus l'Autriche sous pression, le pays n'autorisant pas l'échange automatique d'informations de données bancaires de résidents de l'UE.

L'Autriche s'est dite prête à faire des concessions en indiquant mardi qu'elle allait négocier la levée du secret bancaire pour les résidents étrangers.