La Banque centrale européenne (BCE) est «prête à agir» pour soutenir l'économie de la zone euro, dont la reprise attendue tarde à se concrétiser, a déclaré jeudi le président de l'institution Mario Draghi, même si celle-ci semble à court de moyens pour l'instant.

M. Draghi a expliqué que le conseil des gouverneurs de la BCE avait discuté de plusieurs «instruments», conventionnels ou non, pour intervenir alors que «la faiblesse économique s'est poursuivie en début d'année» et que la «reprise graduelle» attendue pour la deuxième partie de 2013 semble désormais sujette à caution.

L'institution monétaire de Francfort s'inquiète en particulier de l'incapacité des petites et moyennes entreprises (PME) à accéder au crédit dans les pays en difficulté de la région, ce qui ralentit toute velléité d'investissement et d'embauche.

Pour y remédier, elle cherche l'inspiration dans d'autres pays, a-t-il dit, alors que la Banque du Japon vient de décider d'accélérer et d'amplifier ses mesures d'assouplissement monétaire et d'augmenter ses achats d'obligations d'État.

Toutefois, M. Draghi a aussi rappelé que la BCE était limitée par son mandat, plus restreint que celui de ses consoeurs puisque tout financement monétaire lui est interdit. «Nous devons réfléchir intensément pour trouver quelque chose qui soit à la fois utile et compatible avec notre mandat», a-t-il souligné à plusieurs reprises, sans vouloir préciser la direction prise par ces réflexions.

Seul indice peut-être, M. Draghi a souligné que la BCE ne pouvait agir seule en faveur des PME, fait remarquer Carsten Brzeski, économiste d'ING, et que l'intervention d'autres acteurs, dont les gouvernements, la Banque européenne d'investissement ou les banques centrales nationales serait nécessaire.

«Il n'est pas clair cependant si cela implique un relâchement des collatéraux (garanties exigées des banques en échange des prêts de la BCE) ou un rachat d'actifs» d'entreprises, constate-t-il, jugeant que la question cruciale d'un programme de prêts aux PME sera de savoir «qui assume les risques»?

Plus et mieux de la part des gouvernements

En attendant une éventuelle action, peut-être le mois prochain, la BCE a décidé de maintenir son principal taux directeur inchangé, à 0,75%, soit son plus bas niveau historique auquel il a été porté en juillet.

De l'avis des analystes, un relâchement de ce baromètre du crédit en zone euro ne serait que de peu d'utilité dans le contexte actuel.

«La BCE a clairement envie d'essayer de trouver de nouvelles mesures pour venir à bout de la fragmentation du marché du crédit en zone euro et faciliter les prêts aux entreprises, mais elle se bat pour trouver des solutions appropriées compatibles avec son mandat et efficaces», explique Howard Archer, chef économiste d'IHS Global Insight.

Pour Marie Diron, du cabinet de conseil Ernst & Young, la perspective d'un stimulus monétaire supplémentaire est en tout cas «une bonne nouvelle», et doit se concrétiser dans les plus brefs délais.

«Une bonne disponibilité du crédit à un coût abordable est essentielle pour l'économie en zone euro», poursuit-elle, alors que les derniers indicateurs se sont révélés décevants et que le chômage a atteint un nouveau record en février avec 12% de la population active.

Parmi les risques pour l'économie, M. Draghi a mentionné «une demande intérieure plus faible qu'attendu» ou encore des réformes structurelles pas suffisamment abouties dans les pays de la zone euro.

Tout en appelant les responsables politiques à faire plus et mieux, il a toutefois jugé que des progrès avaient déjà été accomplis, y compris au niveau de la gouvernance en zone euro. Conjugué au programme de rachat de dette des États (programme OMT) adopté en septembre par la BCE, cela a permis de ramener une certaine confiance dans la zone euro.

Confiance qui a sans doute évité la panique des marchés avec la récente crise chypriote. Un modèle de résolution de crise qui n'est pas applicable à d'autres pays, a insisté M. Draghi à plusieurs reprises.