La Banque d'Angleterre pourrait décider jeudi de laisser de nouveau inchangés son taux directeur et le montant total de ses rachats d'actifs malgré les divisions au sein de Comité de politique monétaire ces derniers mois, alimentées par les craintes d'une nouvelle récession.

«Avec le risque de voir une nouvelle contraction du produit intérieur brut au cours du premier trimestre 2013, le vote du Comité de politique monétaire (CPM) d'injecter ou non une nouvelle tranche de 25 milliards de livres (38 milliards de dollars CAN) de rachats d'actifs pourrait bien être serré», a prévenu Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

Lors de sa réunion des 6 et 7 mars, le Comité avait maintenu à l'unanimité son taux directeur à 0,50%, niveau historiquement bas auquel il est fixé depuis mars 2009, mais trois de ses neufs membres avaient voté pour une hausse de programme de rachats d'actifs, dit d'«assouplissement quantitatif», dont le montant est fixé à 375 milliards de livres sterling (576 milliards CAN).

En mars comme en février, le gouverneur de la banque centrale britannique, Mervyn King, ainsi que Paul Fisher et David Miles avaient opté pour une nouvelle tranche de 25 milliards de livres sterling de ce programme mis en place en mars 2009 pour venir en aide à une économie britannique alors en profonde récession.

Et une nouvelle récession guette le pays: l'économie du Royaume-Uni s'est contractée de 0,3% au quatrième trimestre de 2012 par rapport au trimestre précédent, tandis que les chiffres déjà disponibles pour le premier trimestre sont mitigés.

Cependant, pour Vicky Redwood de Capital Economics, «les récents indicateurs macroéconomiques ne sont pas assez mauvais pour persuader» d'autres membres de passer du côté des partisans de plus de rachats, citant notamment la bonne tenue de l'activité du secteur des services en début d'année et la forte hausse des ventes de détail en février.

«Il n'est pas impossible que le CPM décide de nouveaux rachats d'actifs cette semaine» mais cette décision serait le cas échéant plus motivée par le fait que les «perspectives économiques manquent de clarté» que par des indicateurs de court terme négatifs, a estimé pour sa part Philip Shaw, économiste chez Investec.

Howard Archer s'attend lui à une nouvelle tranche de 25 milliards de livres au cours du deuxième trimestre et met en avant le fait que, à la suite notamment des appels du ministre des Finances George Osborne à plus d'«activisme monétaire» pour relancer l'économie britannique, «la Banque d'Angleterre cherche de nouveau le moyen d'aider l'économie».

Ainsi l'économiste s'attend à ce que l'institution annonce sous peu de nouvelles mesures visant notamment à encourager les prêts aux petites entreprises.

Pour certains observateurs, la Banque d'Angleterre devrait en outre s'abstenir de changements radicaux de ses instruments et actions pour soutenir l'économie avant l'entrée en fonction du nouveau gouverneur de l'institution, le Canadien Mark Carney, qui doit remplacer M. King début juillet.