Le gouvernement chypriote a nommé jeudi une commission pour enquêter sur d'éventuels actes criminels ayant entraîné la débâcle des banques de l'île, a indiqué un conseiller du président, ajoutant que le chef de l'État avait réduit son salaire d'un quart.

Le panel sera chargé de déterminer s'il y a «des responsabilités criminelles, civiles ou politiques» à l'origine de la crise bancaire, a indiqué à la presse le sous-secrétaire de la présidence, Constantinos Petrides.

La commission d'enquête sera composée de trois anciens juges de la Cour suprême, George Pikis, Panayiotis Kallis et Yiannakis Constantinides.

«L'ensemble des décisions, des actes et des omissions à tous les niveaux -des décisions politiques, à celles des comités de direction des banques ou des régulateurs ainsi que toute autre personne-, devra être examiné», a-t-il ajouté.

Selon l'agence de presse CNA, la commission d'enquête se penchera sur plusieurs décisions, notamment les achats risqués d'obligations grecques par les banques chypriotes en pleine crise grecque.

Elle examinera en outre les modalités de la vente par la banque HSBC de ses parts de la Laïki en 2006, et les raisons du recours en 2012 au consultant américain Pimco pour mener un audit sur le secteur bancaire chypriote, à la demande des bailleurs de fonds internationaux.

Les salaires et les bonus des cadres et des membres du comité de direction de la banque seront également examinés, ainsi que les conditions dans lesquelles la Banque centrale chypriote a accepté que la Banque centrale européenne (BCE) fournisse des liquidités d'urgence aux banques chypriotes.

La Laïki, deuxième banque du pays, est en cours de démantèlement dans le cadre du plan de sauvetage européen qui prévoit une réduction drastique du secteur bancaire de Chypre. Bank of Cyprus, première banque de l'île, doit récupérer ses activités saines ainsi qu'une dette de 9 milliards d'euros contractée par la Laïki envers la BCE.

Ces deux banques, très exposées à la dette grecque, avaient dû demander l'aide de l'État pour une recapitalisation, ce qui avait poussé Nicosie à réclamer une aide européenne en juin 2012.

Par ailleurs, le président chypriote Nicos Anastasiades a décidé une réduction de 25% de son salaire et ses ministres verront leur rémunération baisser de 20%, a indiqué M. Petrides

Le président «a déjà autorisé le comptable général à réduire son propre salaire de 25%», a-t-il indiqué à la presse. Tous renonceront par ailleurs à leur 13e mois.

Mercredi, une commission de surveillance du Parlement avait demandé à la Banque centrale de Chypre de lui fournir la liste des personnes ayant transféré des fonds hors de l'île peu avant l'annonce d'un plan de sauvetage européen prévoyant une ponction sur les comptes bancaires.

Des députés socialistes ont autorisé le directeur de la Banque centrale à rendre publiques leurs finances personnelles, celles de leurs femmes et de leurs enfants, appelant tous les hommes politiques à faire de même.