La France et le Canada ont manifesté jeudi un optimisme prudent sur la conclusion d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et Ottawa, à l'issue d'entretiens entre les premiers ministres français Jean-Marc Ayrault et canadien Stephen Harper.

Les deux hommes ont souhaité que cet accord devienne «précurseur» ou la «tête de pont» d'un accord similaire entre l'UE et les États-Unis.

«Je suis optimiste, mais les choses les plus difficiles sont toujours à la fin», a estimé M. Harper à propos de cette négociation, qui achoppe encore sur quelques dossiers, dont celui des produits agricoles, lors d'une conférence de presse au terme d'entretiens entamés la veille.

«Nous avons bien avancé. Je confirme ce que dit le premier ministre» canadien, a affirmé M. Ayrault. «Vous avez un souci concernant la viande bovine et porcine, et nous, nous avons un souci concernant la volaille», a précisé le premier ministre français.

Il a mentionné aussi d'autres questions qui restent à régler, concernant la propriété intellectuelle et le respect de la diversité culturelle.

«Si cet accord aboutit et qu'il est exemplaire», notamment sur la diversité culturelle --objet de préoccupations québécoises face à la France, et françaises et européennes face aux Américains--, «il ne sera pas sans influence sur le contenu des négociations entre l'UE et les États-Unis», a-t-il poursuivi.

«Pour les Européens, a noté de son côté M. Harper, il sera important d'obtenir cette tête de pont au Canada, en vue de leurs ambitions pour une entente avec les États-Unis».

Les pourparlers, engagés depuis mai 2009 et entourés de discrétion, visent à supprimer les droits de douane sur environ 98% des produits européens et permettre une baisse de 3% à 5% du prix de certains biens de consommation.

M. Harper a indiqué par ailleurs que la mission du grand avion de transport canadien C17, qu'Ottawa avait dépêché au Mali pour soutenir l'intervention française, se poursuivra encore, si le Canada le juge nécessaire.

«Nous avons été très heureux d'y aller avec notre avion et son équipage et ils y resteront, pourvu que le besoin soit là», a dit le premier ministre, qui avait auparavant rendu hommage au «leadership» de la France face à la «menace terroriste».

Mobilité transatlantique

Plusieurs accords ont été signés jeudi matin entre la France et le Canada. Le plus important porte sur l'amélioration de la mobilité des jeunes entre les deux pays. Il doit leur permettre de travailler jusqu'à 24 mois dans les deux pays, alors que l'accord précédent portait sur 12 à 18 mois.

M. Ayrault, qui est accompagné de quatre ministres, Benoît Hamon (Économie solidaire), Delphine Batho (Écologie et Énergie), Valérie Fourneyron (Sports et Jeunesse) et Yamina Benguigui (Francophonie), s'est adressé en milieu de journée à la communauté d'affaires de Toronto, à qui il a présenté les différentes mesures lancées en France pour stimuler l'entrepreunariat et favoriser l'investissement.

«Nous avons l'ambition de développer l'attractivité du territoire français, a-t-il dit. Nous avons donc fixé un objectif annuel de mille décisions d'investissements étrangers sur le territoire français d'ici 2017, ainsi que l'accueil chaque année de 300 nouvelles entreprises étrangères.»

En 2012, la France a été la première destination européenne pour les investissements étrangers dans l'industrie, a encore souligné le premier ministre.

Après un passage à l'université de Toronto, il devait gagner Montréal et rencontrer jeudi soir la première ministre indépendantiste du Québec Pauline Marois.