Les ventes de voitures neuves en France ont poursuivi en début d'année leur dégringolade de 2012 et le bout du tunnel semble encore loin pour le secteur, les experts craignant pour l'ensemble de 2013 une nouvelle baisse record des immatriculations dans l'Hexagone.

«Il n'y a aucune de raison pour que cela change, la période d'incertitude n'étant pas propice au renouvellement des véhicules, ni pour les ménages ni pour les entreprises», explique Carlos Da Silva, du cabinet IHS Automotive.

Après un plongeon de près de 14% l'an dernier, les immatriculations de véhicules neufs ont reculé de 15% en janvier à 124 952 véhicules écoulés, selon les chiffres communiqués vendredi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).

La crise du secteur, qui touche toute l'Europe, est aussi fortement ressentie en Italie où le ministère des Transports a annoncé vendredi une chute des ventes de 17,58% en janvier, sur un an. La baisse est toutefois plus modérée en Espagne (-9,6% sur un an) grâce à un plan d'aide au secteur.

En France, toutes marques confondues, le premier mois de l'année pourrait avoir fait les frais d'achats anticipés réalisés en fin d'année dernière en prévision du durcissement au 1er janvier du barème du bonus-malus écologique.

«On peut penser qu'un effet d'anticipation a pu jouer en décembre», estime Bertrand Rakoto, analyste chez RL Polk, pour qui ce dispositif, destiné à favoriser les véhicules les moins pollueurs, est «handicapant pour les constructeurs aussi bien financièrement qu'industriellement».

Il prévoit un recul des ventes en 2013 qui devraient, selon lui, une nouvelle fois se situer sous la barre des 1,9 millions de véhicules.

Les constructeurs français, en pleine tourmente sociale après des annonces de plans d'économie et de réductions d'effectifs, ont continué de souffrir en janvier mais, maigre consolation, ils s'en tirent plutôt moins mal cette fois-ci que leurs homologues étrangers.

Par rapport à janvier 2012, les ventes de PSA Peugeot Citroën, le numéro un français, ont chuté de 16,7%, avec 37 934 véhicules neufs immatriculés.

Renault, en incluant la marque à bas coûts Dacia, a limité les dégâts, mais affiche tout de même une baisse de 7,4%, à 30.425 unités. C'est d'ailleurs Dacia qui permet au groupe de Carlos Ghosn de réduire sa glissade grâce à des ventes en hausse de près de 10% (7623 nouvelles immatriculations), tandis que celles de la marque au losange se sont repliées de 12% sur un an, à 22 802 unités.

Les deux marques du groupe PSA affichent des reculs d'ampleur similaire: -16,1% pour Peugeot et -17,4% pour Citroën.

«Peugeot et Renault ont sorti l'an passé respectivement la 208 et la Clio IV, des best sellers du marché qui sont en pleine croissance, ce qui peut expliquer un relatif amortissement de la chute», analyse Bertrand Rakoto.

Les constructeurs étrangers ont subi un recul global de leurs immatriculations de 17,4% le mois dernier, avec des fortunes diverses selon les marques.

Le groupe allemand Volkswagen, premier vendeur en France après les deux constructeurs nationaux, est en recul de près de 24%, à 16 846 véhicules immatriculés pour l'ensemble de ses marques (VW, Audi, Seat, Skoda).

Le plongeon est encore plus accentué pour son dauphin américain Ford (-35,3% à 5480 unités).

Seule exception spectaculaire: le groupe sud-coréen Hyundai-Kia a vu ses ventes grimper de 21,2% avec 4414 véhicules neufs écoulés.

«Leurs produits sont bons mais ils profitent aussi de leurs offres de garanties, de cinq ans chez Hyundai et de sept ans chez Kia, auxquelles les consommateurs sont particulièrement sensibles en période de crise», explique Carlos da Silva.

Le japonais Toyota parvient de son côté à limiter son repli à 1,2%, légèrement sous la barre des 5.000 voitures immatriculées (4987).