La Grèce sera à nouveau au coeur des préoccupations de la zone euro mercredi, jour de grève générale contre des mesures d'austérité supplémentaires en préparation, sur fond de rencontres entre la chancelière allemande, la patronne du FMI et le président de la BCE.

Les deux principaux syndicats du pays GSEE et Adedy appellent à une grève générale de 24 heures mercredi, la troisième de l'année, avec manifestations pour protester contre le nouveau train d'économies difficilement négocié entre la troïka des créanciers du pays (UE-BCE-FMI) et le gouvernement de coalition dirigé par le conservateur Antonis Samaras.

Les prêteurs internationaux semblent divisés sur la stratégie à tenir vis-à-vis du pays, dont l'économie continue de s'enfoncer dans la récession, en dépit des milliards d'euros reçus dans le cadre de son sauvetage financier, qui a démarré en mai 2010.

Alors que l'Espagne est également sur la sellette, la chancelière allemande Angela Merkel reçoit mercredi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, après un entretien, mardi, avec le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi.

À quelques jours d'une réunion cruciale des ministres des Finances de la zone euro consacrée à la Grèce, les agendas et horaires de ces rencontres n'ont pas été dévoilés et aucune conférence de presse n'est prévue.

La patronne du FMI a mis les pieds dans le plat lundi soir, en évoquant à Washington le «problème de financement» de la Grèce, que ses partenaires et bailleurs de fonds se repassent comme une patate chaude depuis des semaines.

«Étant donné l'immense retard du processus de privatisation (...) et la collecte limitée des recettes fiscales, il y a un problème de financement du pays» a-t-elle dit, en soulignant que le problème de la dette «devra être réglé».

Or en Grèce, dans un pays à genoux où le parti néonazi Aube Dorée, qui a fait irruption au parlement en juin, ne cesse de voir son audience monter dans les sondages, la société elle-même est arrivée à un point de tension extrême du fait de la cure d'austérité administrée depuis plus de deux ans.

Après les violences ayant émaillé en février les manifestations contre le vote du deuxième plan de sauvetage, ce climat fait craindre au politologue Ilias Nikolakopoulos un dérapage dans les manifestations prévues mercredi.

Les mesures en discussion - combinant coupes de salaires, pensions et aides sociales à des réformes structurelles pour moderniser l'État, introduire la concurrence et lutter contre la corruption - doivent permettre à la Grèce de réduire de 11,6 milliards d'euros ses dépenses publiques et augmenter ses recettes de 2 milliards.

Le vote de ce paquet au Parlement est la condition du déblocage d'une tranche de 31,5 milliards d'euros des prêts UE-FMI, destinée notamment à recapitaliser les banques.

Mais les trois responsables de la troïka ont quitté vendredi la Grèce sans avoir réussi à boucler entièrement les mesures, indiquant marquer une pause dans les négociations et revenir dans «environ une semaine». La presse grecque a surtout souligné l'intransigeance du représentant du FMI qui aurait exigé encore plus de coupes.

En février, la Grèce s'était engagée à faire tomber graduellement son déficit budgétaire dans les clous européens, à 2,1% du PIB en 2014, après 7,3% en 2012 et 4,6% en 2013. Le pays voudrait maintenant obtenir deux ans de plus pour y parvenir, afin de s'extraire du cercle vicieux dans lequel il est tombé.

L'austérité imposée par les créanciers pour régler la crise financière a débouché sur une chute de la consommation et de l'activité. Le PIB est en chute libre. Du coup, pour tenir les objectifs d'ajustement budgétaire, il faut sans cesse accentuer la sévérité des mesures. Qui en retour alimentent la crise économique, et la contestation.

Les Grecs voient ainsi fondre leurs revenus alors que les impôts ne cessent de gonfler pour les salariés, fonctionnaires et retraités, sans que soient traités les problèmes d'évasion fiscale endémiques du pays.

Sur les marchés, la nervosité règne sur la conclusion de ce nouveau marathon, notamment après des rumeurs distillées par le magazine allemand Der Spiegel et démenties par le gouvernement grec, sur un trou global de 20 milliards d'euros à combler.

L'Allemagne, principal bailleur de fonds du côté européen a prévenu avant l'été qu'il n'était pas question de redemander à ses contribuables de financer un troisième plan d'aide. Le représentant grec au FMI a souligné la semaine dernière que toute aide supplémentaire, au-delà des deux prêts de 110 et 130 milliards déjà consentis, serait du seul ressort de l'UE.