Le milliardaire américain George Soros a estimé lundi à Berlin qu'une solution à la crise de la dette dans la zone euro était «proche», tout en appelant l'Allemagne à jouer son rôle de leader.

Dans un discours prononcé à Berlin, dont l'AFP s'est procuré le texte, M. Soros a déclaré: «Je suis content de noter que le débat politique en Allemagne a penché en faveur d'un sauvetage de l'euro».

Et de s'appuyer sur deux événements pour étayer son propos: le sommet de l'UE en juin où les dirigeants se sont mis d'accord sur la mise en place d'un mécanisme permettant de recapitaliser directement les banques de la zone euro, puis la décision jeudi dernier de la Banque centrale européenne (BCE) de racheter de la dette des pays les plus fragiles.

«Ces deux décisions ont été possibles grâce au soutien de la chancelière Angela Merkel», a dit M. Soros, dans son allocution intitulée la «tragédie de l'euro», lors d'une conférence-débat organisée par l'institut de politique de communication (IfM).

Et d'appeler à deux décisions supplémentaires pour sauver la zone euro de ce qu'il appelle un «cauchemar»: arrêter de prêcher l'austérité dans des pays en crise d'une part et mutualiser les dettes (ce dont ne veut pas entendre Berlin maintenant) d'autre part.

«Cela sauverait l'Europe de la dépression. Nous sommes à deux doigts d'une solution durable», a-t-il dit. «C'est à l'Allemagne de décider maintenant quelle alternative choisir», a ajouté le millionnaire de 82 ans d'origine hongroise et qui a vécu l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dans différentes publications ce week-end, M. Soros a appelé Berlin à assumer son rôle de leader de la zone euro - qui lui échoit en tant que plus grand créditeur et première économie de la région, selon lui - ou quitter la monnaie unique européenne.

«L'Allemagne est dans le siège du conducteur et que vous aimiez cela ou non, votre politique détermine largement l'issue de la crise actuelle», a lancé M. Soros, dans son discours berlinois, à deux jours d'une décision cruciale de la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe sur la mise en oeuvre du mécanisme de sauvetage de la monnaie unique.