Il y avait déjà l'Europe et les États-Unis. Il y a maintenant le ralentissement économique en Chine.

Avec autant de tempêtes économiques qui atteignent leurs côtes, les plus importants exportateurs de l'«autre Asie» - le Japon, la Corée du Sud et Taïwan - sont à leur tour affectés par les problèmes de leurs partenaires commerciaux.

Et pour compliquer les choses, voilà qu'éclate une crise majeure après les accusations de fraude portées la semaine dernière contre deux importants banquiers au Vietnam. Une affaire qui ébranle toute l'Asie.

La demande chute

D'abord, le portrait économique de la région: en un mot, «inquiétant». Surtout dans le cas du Japon. La troisième économie mondiale, qui semblait en voie de se relever du tsunami de mars 2011, est retombée en panne.

Les exportations japonaises ont connu en juillet leur plus fort déclin en six mois, a-t-on appris jeudi. Un plongeon de 8,1% (sur un an), alors que les économistes tablaient sur un repli de 2,9% seulement. Le déficit mensuel des échanges commerciaux (517,4 milliards de yens ou 6,5 milliards CAN) est presque deux fois plus qu'attendu!

Les experts n'avaient pas prévu pareille baisse des exportations, même vers l'Europe: -25%, la plus importante baisse depuis octobre 2009.

On espérait que la Chine, premier partenaire commercial du pays, compense le repli des échanges avec le Vieux Continent. Or, le moteur chinois ne répond plus: les exportations vers la Chine ont reculé de 12% sur un an - pire performance en cinq mois en raison des faibles ventes de produits électroniques et de pièces d'automobiles.

Le plus inquiétant, vu de notre coin du monde, c'est que le Japon n'est pas un cas isolé.

Les exportations de Taïwan ont diminué en juillet pour un cinquième mois d'affilée.

Celles de la Corée du Sud ont subi leur plus forte baisse en trois ans. Important fournisseur de téléviseurs, de puces électroniques et de voitures, la Corée du Sud a vu même sa production industrielle diminuer cet été (-0,4% en juin).

Si bien que l'Institut coréen de recherche économique (KERI) vient d'abaisser ses perspectives de croissance pour 2012, laquelle sera trois fois moindre que celle de 2010 ("7,6%).

«Le ralentissement en Chine se propage à travers l'Asie», résume Alistair Thornton, économiste chez IHS Global Insight. Les autres tigres asiatiques, dont Singapour, la Malaisie et Hong Kong, accusent également le coup.

«La demande outre-mer est faible. Donc les pays asiatiques exportateurs connaîtront une période difficile», prévient l'Institut économique Mizuho, de Tokyo.

Crise de confiance

Qui plus est, l'Asie est actuellement ébranlée par une affaire qui remet en question l'intégrité de son système bancaire.

Deux banquiers accusés de malversations financières ont été incarcérés au Vietnam, la semaine dernière, faisant crouler les places boursières du pays.

Après l'arrestation lundi du truculent Nguyen Duc Kien, 48 ans, fondateur de l'Asia Commercial Bank (ACB), son directeur général Ly Xuan Hai a été lui aussi placé en détention vendredi pour «malversations délibérées provoquant de graves conséquences.»

Ces accusations ont eu l'effet d'un séisme au pays.

La Bourse vietnamienne a perdu plus de 10% de sa valeur depuis mardi. Des épargnants se sont rués dans les banques pour retirer de l'argent et se réfugier dans l'or, a confirmé la presse officielle. La banque centrale du pays est même intervenue pour soutenir les marchés, appelant la population au calme.

M. Kien est le fondateur de l'Asia Commercial Bank (ACB), l'une des plus importantes banques du pays. On le décrit comme l'une grandes fortunes du Vietnam.

Les accusations du gouvernement communiste à l'endroit de ce banquier restent floues pour le moment. Mais le mal est fait. La confiance, qui semblait inébranlable ce printemps dans la région, s'étiole et risque de contaminer toute l'Asie.

Aussi, des experts croient que cette affaire donne encore plus de raisons aux autorités en Chine d'intervenir: Pékin devra tôt ou tard décréter des mesures pour stimuler l'économie chinoise... et du coup celle de toute la région asiatique.

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534 MILLIARDS POUR LA TOUR EIFFEL

Une étude italienne indique que la tour Eiffel est le monument le plus précieux ou, du moins, le plus cher d'Europe, sinon du monde. La Chambre de commerce de Monza et Brianza, auteure de l'étude, calcule que le célèbre symbole de Paris vaudrait 434,6 milliards d'euros, soit environ 534 milliards CAN, surtout en raison de son «image de marque». Monument le plus visité du monde (7 millions d'entrées l'an passé), la tour Eiffel aurait ainsi une valeur marchande cinq fois supérieure à celle du Colisée de Rome (91 milliards d'euros), en deuxième place. Avis aux intéressés. L'étude ne dit pas cependant si les électroménagers sont inclus à ce prix...