La Bourse de Madrid a gagné 3,91% vendredi à la clôture, après les déclarations du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel qui se sont dit «déterminés à tout faire pour protéger la zone euro». L'indice Ibex-35 des valeurs vedettes a terminé la semaine à 6.617,6 points, profitant notamment de l'envolée des valeurs bancaires: Santander, première banque en zone euro par la capitalisation boursière, a gagné 5,99% à 4,78 euros et BBVA a progressé de 4,93% à 5,15 euros.

CaixaBank a progressé dans une moindre mesure, gagnant 1,61% à 2,59 euros. Elle avait publié vendredi un bénéfice net, pour le deuxième trimestre, de 118 millions d'euros, en chute de 77,9% sur un an, affectée comme l'ensemble des banques du pays par les provisions exigées par les autorités.

Jeudi déjà, la Bourse de Madrid avait clôturé la veille sur un bond de plus de 6%, encouragée comme l'ensemble des places européennes par les propos du président de la BCE, Mario Draghi, qui s'est dit prêt à tout pour préserver l'euro. «Les États membres, comme les institutions européennes, chacun selon ses prérogatives, doivent remplir leurs obligations à cette fin», ont précisé M. Hollande et Mme Merkel vendredi dans un communiqué commun.

Selon le journal français le Monde, «la BCE préparerait une action concertée avec les États pour sauver la zone euro».

Le quotidien économique El Economista a lui évoqué mercredi un plan d'aide à l'Espagne de 300 milliards d'euros, qui lui permettrait de financer ses déficits au moins pendant un an et demi. Le gouvernement espagnol en revanche continue à écarter fermement l'hypothèse d'un sauvetage.

Taux de chômage en hausse

L'Espagne comptait à la fin du deuxième trimestre près de 5,7 millions de chômeurs, soit un taux de 24,63%, et de plus de 53% chez les jeunes, encore en hausse malgré les effets saisonniers habituels liés au tourisme, selon les chiffres officiels publiés vendredi.

Alors que la récession devrait elle aussi s'aggraver, le nombre de chômeurs a augmenté, avec 5 693 100 personnes au chômage à fin juin, même si cette progression s'est ralentie par rapport aux trois premiers mois de l'année. L'Espagne comptait à fin mars 24,44% de chômeurs.

53 500 personnes ont perdu leur emploi, entre avril et juin, contre 365 900 au premier trimestre, selon les chiffres publiés par l'Office national de la statistique (Ine). Le niveau de sans-emploi est particulièrement grave dans la tranche d'âge des 16-24 ans, dont 53,27% sont à présent au chômage, contre 52,01% au trimestre précédent.

Le nombre de foyers dont tous les membres sont au chômage continue lui aussi à augmenter, à 1 737 600 foyers, soit 9300 de plus qu'au premier trimestre.

Ces mauvaises nouvelles, alors que le pays est engagé dans un effort de rigueur sans précédent, s'ajoutent à l'aggravation probable de la récession, dont les chiffres provisoires seront annoncés lundi: selon les prévisions de la Banque d'Espagne, généralement confirmées par les chiffres officiels, le recul du PIB devrait s'établir au deuxième trimestre à 0,4%, contre 0,3% au premier.

Selon les nouvelles prévisions du gouvernement, l'Espagne, qui affiche le taux de chômage le plus élevé parmi tous les pays industrialisés, devait compter 24,6% de demandeurs d'emploi à la fin de 2012.

Le pays, qui a obtenu de Bruxelles un assouplissement de ses objectifs de déficit public jusqu'en 2014, a dû annoncer en échange un nouveau plan de rigueur draconien, associant coupes budgétaires et hausses d'impôts dans le but d'économiser 65 milliards d'euros sur deux ans et demi. Des mesures qui, selon de nombreux analystes, devraient encore aggraver la récession et le chômage.

Parmi les 17 régions autonomes d'Espagne, l'Andalousie, dans le sud, reste la plus frappée, à 33,92% des actifs, avec un secteur de la construction sinistré depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008. La moins touchée est le Pays Basque, riche région du nord du pays, avec un taux de 14,56%, qui néanmoins progresse par rapport au trimestre précédent (13,55%).

Par branche d'activité, le nombre de sans-emploi progresse dans l'agriculture (44 000 employés de moins) et dans l'industrie (21 000), et se réduit dans le secteur des services, fortement lié au tourisme, avec 42 800 employés de plus qu'au trimestre précédent.

Le gouvernement avait revu le 20 juillet à la hausse sa prévision de chômage pour 2012, la situant à 24,6% de la population active, avant une légère baisse en 2013, à 24,3%, qui pourrait se confirmer en 2014 à 23,3%.