D'ici 2015, les Chinois achèteront plus de suppléments alimentaires et de produits pour la santé que les Américains, faisant de la Chine le plus grand marché de la planète dans ce secteur. Une affaire de 70 milliards US par an au pays de l'acupuncture.

Cette prédiction est apparue en grosses lettres dans le prestigieux Wall Street Journal récemment, coiffant un publireportage payé par le gouvernement chinois.

En lisant ce long article promotionnel, agrémenté de tableaux et de photos montrant des Chinois magasinant des suppléments vitaminiques, les gens d'affaires retiennent essentiellement un message: si vous cherchez encore le marché le plus prometteur du monde, cessez de perdre votre temps. Misez sur la Chine.

Depuis quelque temps, Pékin multiplie les déclarations et les «promos» dans la presse d'affaires pour inciter les entreprises à investir au pays.

Autre exemple: la Chine est devenue cette année le premier marché mondial de produits alimentaires, clame le gouvernement. Et d'ici trois ans, les Chinois dépenseront annuellement 1600 milliards US dans les épiceries, soit 60% de plus que les Américains, d'après une étude de la firme britannique IGD.

Le but est de démonter au monde que l'émergence d'une classe moyenne en Chine est bien réelle. Et surtout que le gouvernement tient mordicus à son plan de transformer l'économie en la rendant moins dépendante des exportations. L'avenir de la Chine passe par la consommation.

Or, les derniers indicateurs confirment certains progrès dans la poursuite de cet objectif, bien que l'équilibre économique sera difficile à maintenir pour le gouvernement sans nuire à la croissance.

Un nouveau moteur

D'abord, la bonne nouvelle: les Chinois continuent d'acheter malgré la perte de vitesse de la deuxième économie mondiale.

La croissance chinoise a ralenti, passant de 8,1% (taux annualisé) au premier trimestre à 7,6% au deuxième. C'est surtout un rythme bien inférieur aux taux à «deux chiffres» enregistrés ces dernières années.

Pourtant, le consommateur tient bon. La consommation a généré 43% de l'activité économique durant la première moitié de 2012 - le plus haut niveau en au moins cinq ans, alors que le taux était de 35% en 2007.

Pour le moment, les dépenses des ménages sont même le moteur de la croissance chinoise, représentant 58% de la hausse du Produit intérieur brut (PIB) durant les six premiers mois de 2012 contre moins de 48% un an plus tôt, selon Bloomberg.

Preuve donc que les consommateurs sont bien vivants même si les usines chinoises, elles, tournent moins vite en raison la crise en Europe - premier marché d'exportation de la Chine.

Les salaires

Qu'est-ce qui aiguise ainsi l'appétit des Chinois? La hausse des salaires en bonne partie.

En raison de la forte demande pour les travailleurs compétents, les salaires ont augmenté en moyenne de 13% (taux annuel) en Chine au premier semestre, d'après le Bureau national des statistiques.

À ce rythme, le coût réel de la main-d'oeuvre chinoise [en tenant compte de la productivité] sera supérieur à celui des travailleurs mexicains dès cette année, selon le Boston Consulting Group. Un revirement spectaculaire.

Pour les employeurs, cela constitue par contre une menace, qui rend les exportations chinoises de moins en moins attrayantes. La Chine est donc prise entre deux feux: une demande extérieure atone, sous l'effet de la crise européenne, et la poussée des salaires qui menace les exportations et, à long terme, le marché du travail.

Le maintien d'un sain équilibre entre la production industrielle et la consommation devient donc primordial, affirme le Crédit Agricole dans une note économique.

Depuis le début 2012, le gouvernement a pris diverses mesures pour stimuler à la fois le crédit et l'investissement. De l'avis des experts, d'autres mesures du genre seront annoncées d'ici la fin de l'année. Une opération délicate est donc en cours à Pékin.

On peut parier que la CLASSE n'en fera jamais l'une de ses demandes pour l'éducation au Québec: en Chine, une école apprend aux femmes les codes de la vie en haute société pour les aider à trouver... un mari riche, rapporte ce mois-ci le mensuel français S'enrichir. Cette école, située à Pékin, leur enseigne comment se comporter , se maquiller et communiquer. Les leçons coûtent 20 000 yuans (3160$CAN) pour 10 séances. Quelque 3000 femmes se sont inscrites. L'âge varie de 21 à 36 ans. Par contre, on ne définit pas ce qu'est un «homme riche».