Le Fonds monétaire international (FMI), qui avait relevé ses prévisions de croissance mondiale en avril, les a légèrement abaissées lundi, invoquant de «nouveaux signes de faiblesse» notamment en zone euro et aux États-Unis.

«Dans les trois derniers mois, la reprise mondiale, qui n'était déjà pas très forte, a montré de nouveaux signes de faiblesse», estime le FMI dans une mise à jour de ses perspectives économiques mondiales.

Evoquant un «léger recul» par rapport à avril, le Fonds table désormais sur une progression du produit intérieur brut (PIB) mondial de 3,5% (-0,1 point) en 2012 et de 3,9% (-0,2 point) en 2013, et continue de mettre en garde contre de nouveaux «risques de dégradation» de la situation économique.

Déflorée début juillet par la patronne du FMI, Christine Lagarde, cette révision n'est pas une surprise, mais elle recèle une subtilité: les estimations du Fonds étant arrondies, la nouvelle prévision pour 2012 est en apparence identique à celle d'avril.

Sans surprise, le FMI concentre ses inquiétudes sur ce qu'il nomme «la périphérie de la zone euro»: la Grèce, sous assistance financière internationale, et l'Espagne, à qui l'institution prédit désormais une deuxième année de récession d'affilée en 2013.

Le Fonds pointe du doigt «l'incertitude croissante et politique en Grèce, les problèmes du secteur bancaire en Espagne et les doutes sur la capacité des gouvernements à mettre en oeuvre les réformes».

Lors d'une conférence de presse lundi, les responsables du Fonds ont encore insisté sur les «risques» posés par les pays du sud de d'Europe.

«Le principal risque est évident: que les cercles vicieux en Espagne et Italie ne deviennent plus forts, que la production baisse encore plus que maintenant, et qu'un de ces pays ne puissent plus se financer sur les marchés», a déclaré Olivier Blanchard, directeur du département recherche au FMI.

«Les conséquences d'un tel évènement pourraient aisément faire dérailler la reprise mondiale», a-t-il ajouté.

Pour l'ensemble de la zone euro, la prévision reste inchangée cette année (-0,3%) mais se dégrade pour 2013 (+0,7% contre 0,9% attendu il y a trois mois). La France n'échappe pas à une révision de -0,1 point en 2012 (+0,3%) et de -0,2 point l'année prochaine (+0,8%).

Pour renverser la situation, le Fonds exhorte les dirigeants à agir sans «retard» et assure, à l'intention la Banque centrale européenne (BCE), que «la politique monétaire peut encore être assouplie» dans la zone euro.

Sur le secteur bancaire, les responsables du FMI ont par ailleurs estimé lors de la conférence de presse que le scandale du Libor, un taux de référence pour la finance mondiale, sapait «la confiance» des marchés et rendait urgente une régulation du secteur.

Braquant son regard outre-Atlantique, le Fonds a également fait part de sa préoccupation sur ce qu'il est convenu d'appeler le «mur budgétaire» aux États-Unis: fin 2012, des réductions d'impôts doivent expirer en même temps qu'entreront en vigueur des baisses de dépenses publiques.

En l'absence d'accord politique sur ce «fiscal cliff», «la croissance américaine pourrait caler l'année prochaine, avec des retombées significatives pour le reste du monde», s'inquiète le Fonds qui revoit légèrement à la baisse ses prévisions pour les États-Unis (2,0% en 2012; 2,3% en 2013).

«Il semble que l'élan se soit affaibli» dans la première économie de la planète, souligne le Fonds.

Pour compléter le tableau, le FMI estime également que le «potentiel de croissance» pourrait être moins fort que prévu dans les pays émergents, et abaisse en conséquence ses prévisions pour la Chine et surtout l'Inde en 2012 et en 2013.

«La croissance dans ces économies (...) a été soutenue en partie par un développement du secteur financier et une rapide progression du crédit qui pourraient avoir fait naître des attentes démesurément optimistes», note le Fonds.

Au rayon peu garni des bonnes nouvelles, le FMI se réjouit que les prix du pétrole aient chuté «ces derniers mois» et que les risques géopolitiques qui pesaient sur la production de brut semblent avoir «décliné».