La Chine a annoncé vendredi sa croissance la plus faible depuis la crise financière, avec 7,6% au deuxième trimestre, en raison de difficultés internationales, mais aussi domestiques qui devraient inciter le gouvernement à continuer à assouplir sa politique monétaire.

Souffrant de la crise en Europe, mais aussi de restrictions sur l'immobilier et de surcapacités dans certains secteurs, la deuxième économie mondiale ralentit depuis un an et demi. De 10,4% en 2010, la croissance est passée à 9,2% l'an dernier, puis à 7,8% durant la première moitié de cette année, a rapporté le Bureau national des Statistiques (BNS).

Le chiffre de la croissance pour le deuxième trimestre, conforme à la prévision des analystes interrogés par l'agence Dow Jones, est le plus faible depuis les 6,6% enregistrés au 1er trimestre 2009, lorsque les pays occidentaux étaient frappés de plein fouet par la crise économique et financière, et la Chine dans une moindre mesure.

La place boursière de Shanghai a terminé la journée sur une note stable, tout comme Tokyo, tandis que les marchés à Hong Kong, en Corée du Sud ou en Australie ont fini en hausse, soulagés que le chiffre de la croissance en Chine ne soit pas pire comme redouté.

Le ralentissement «est principalement dû à la détérioration de l'environnement international, qui a réduit la demande étrangère» pour les produits chinois, a déclaré lors d'une conférence de presse le porte-parole du BNS, Sheng Laiyun. Les exportations vers l'Europe ont été particulièrement touchées. «La demande intérieure a également ralenti sous l'effet des mesures de contrôle macro-économique, en particulier dans le secteur immobilier», a poursuivi M. Sheng.

Le gouvernement chinois limite depuis deux ans le nombre d'appartements que les Chinois peuvent acheter, afin d'éviter la formation d'une bulle spéculative.

La baisse de régime de l'économie est fortement ressentie par les acteurs économiques, d'après Ren Xianfang, une analyste d'IHS Global Insight basée à Pékin qui souligne «l'incapacité de la Chine à absorber une croissance moins forte».

Elle relève notamment «la spirale descendante des prix à la production, les stocks grandissants du secteur manufacturier, les bénéfices qui plongent, les faillites et les réductions de salaire» qui se multiplient.

Le premier ministre Wen Jiabao a tiré la sonnette d'alarme cette semaine en décrétant que «stabiliser la croissance» était «la tâche la plus urgente» pour son pays.

Afin de soutenir l'activité, la banque centrale a baissé par deux fois les taux d'intérêt directeurs, début juin et début juillet. Ces taux n'avaient pas été revus à la baisse depuis décembre 2008.

La banque centrale a d'autre part réduit les réserves obligatoires des banques à trois reprises, entre décembre et mai, pour leur permettre de prêter davantage.

«Nous avons déjà assisté à une stabilisation de l'investissement en juin, grâce aux mesures de relance du gouvernement», a déclaré à l'AFP Tang Jianwei, économiste de la Bank of Communications à Shanghai. En juin, les nouveaux prêts accordés par les banques chinoises ont progressé de 16% par rapport à mai. Pour consolider la croissance, «le gouvernement pourrait prendre davantage de mesures d'assouplissement», estime Lu Ting, économiste de Bank of America - Merrill Lynch, qui s'attend à trois nouvelles réductions des réserves obligatoires et à deux autres baisses des taux d'intérêt d'ici la fin de l'année. De telles mesures sont facilitées par le recul de l'inflation, tombée en juin à 2,2% en rythme annuel. «De nouvelles mesures pour stimuler l'économie sont attendues», estime également Alaistair Chan, de Moody's Analytics.

Malgré les difficultés, le gouvernement chinois se dit confiant de parvenir à atteindre son objectif de croissance de 7,5% pour 2012. «Je pense que l'économie va continuer à connaître une croissance modérée et soutenue durant la deuxième moitié de l'année», a déclaré M. Sheng.

Le ralentissement de la croissance en Chine n'est pas isolé en Asie. Singapour a ainsi annoncé vendredi que son économie s'est contractée de 1,1% au deuxième trimestre par rapport aux trois mois précédents tandis que la Corée du Sud a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour cette année, à 3% contre 3,5% en avril.