Nouvelle cure d'austérité pour l'Espagne. Le gouvernement de Mariano Rajoy a dévoilé mercredi un plan d'économies de 65 milliards d'euros d'ici à 2014, comprenant notamment l'augmentation de trois points de la taxe de vente (TVA) et des coupes budgétaires.

Au lendemain du feu vert des partenaires de l'Eurogroupe à un nouveau prêt pour les banques espagnoles, le premier ministre espagnol a déclaré devant le Parlement que l'avenir du pays était en jeu, alors que l'Espagne affronte la récession, un lourd déficit et une inquiétude des investisseurs face à sa dette souveraine.

«Nous vivons un moment crucial, qui déterminera notre avenir et celui de nos familles, de notre jeunesse et de notre État providence», a souligné Mariano Rajoy. «C'est la réalité, il n'y en a pas d'autre et nous devons sortir de ce trou, et nous devons le faire aussi vite que possible.»

«Il n'y a pas d'espace pour le fantasme ou des improvisations parce qu'il n'y a pas le choix», a martelé le chef du gouvernement espagnol. «Je sais que ces mesures ne sont pas plaisantes mais elles sont impératives.»

Accusant l'ancien gouvernement socialiste d'avoir laissé un déficit public de 8,9% en 2011, Mariano Rajoy, à la tête du pays depuis novembre dernier, a martelé que «les excès du passé doivent être réglés au présent».

Parmi les mesures les plus emblématiques, figure la hausse de la TVA. Elle va augmenter de trois points à 21% sur les produits et les services, comme les vêtements et les voitures, les cigarettes et les services de téléphonie, et de deux points passant à 10% pour les biens comme les tarifs de transports publics, la nourriture industrielle et les services des hôtels et des bars. Par contre, la TVA sur les biens de consommation courante comme le pain, les médicaments, et les livres reste à 4 pour cent.

Les coupes budgétaires, qui devraient représenter une économie de 65 milliards d'euros d'ici à 2015, prévoient également une baisse de traitements pour les fonctionnaires et les membres du Parlement, une réduction de 30% des conseillers municipaux, ainsi qu'une nouvelle vague de fermeture d'entreprises publiques.

Soulignant le besoin de réduire l'administration, M. Rajoy a cité en exemple les trois millions d'emplois perdus dans le secteur privé, face à une hausse de 289 000 du nombre d'emplois dans le public.

Enfin, l'âge de départ à la retraite sera progressivement repoussé de 65 à 67 ans.

Quatrième puissance économique de la zone euro, l'Espagne lutte pour réduire son déficit public, dans un contexte de récession, de taux de chômage record (près de 25%) et de crise bancaire.

Dans ce contexte, des milliers de mineurs, partis du nord et de l'est de l'Espagne il y a plus de deux semaines, ont manifesté à Madrid pour la sauvegarde de leur emploi, menacé par ce plan d'économies.

La manifestation a été marquée par des affrontements avec les forces de l'ordre, qui ont tiré des balles en caoutchouc après avoir été la cible de jets de pétards, de pierres et de bouteilles, selon des témoins. Vingt-deux manifestants et 10 policiers ont été soignés sur place pour des blessures, selon une porte-parole de la police, qui a également précisé que six manifestants et deux policiers ont été transportés à l'hôpital.

Arrivés mardi soir sur la Puerta del Sol et accueillis en héros après 18 jours de marche, les mineurs ont dénoncé les réductions des subventions qui mettent en péril leur emploi.

Leur lutte a reçu le soutien des Espagnols qui y voient le symbole des difficultés du pays et de la charge injuste que les politiques font peser sur les classes moyenne et ouvrière, depuis le début de la crise financière.

Face aux difficultés de l'Espagne, les ministres européens des Finances de la zone euro se sont mis d'accord dans la nuit de lundi à mardi dernier sur les termes d'un nouveau plan de sauvetage des banques espagnoles. Ils ont précisé que 30 milliards d'euros (36,88 milliards US) pourraient être débloqués d'ici la fin du mois de juillet. Par ailleurs, ils ont accepté de reporter d'un an, jusqu'en 2014, la date limite pour retourner à un déficit budgétaire de 3%.

Le mois dernier, ils avaient déjà donné leur feu vert au déblocage de 100 milliards d'euros pour soutenir le secteur bancaire espagnol, affaibli par des prêts toxiques et l'effondrement de la bulle immobilière.