Boeing devrait dominer par ses commandes d'avions le salon aéronautique qui s'ouvre lundi à Farnborough, près de Londres, même si Airbus lui a coupé ses effets en annonçant qu'il allait produire aux États-Unis.

«Tout le monde s'accorde à dire que ce sera un show Boeing», juge Christophe Menard, analyste chez Kepler Capital Markets. Les analystes de la banque UBS s'attendent de leur côté à des commandes comprises entre 300 et 500 appareils, tous constructeurs confondus.

Airbus avait écrasé son rival américain sous une pluie de commandes l'année dernière mais ne peut espérer renouveler l'exploit.

Il a pris les devants en annonçant en fanfare, une semaine avant ce rendez-international en Grande-Bretagne, la construction d'une chaîne d'assemblage aux États-Unis, sur les terres de son rival.

Les ventes de Boeing ont dépassé de loin celles d'Airbus au premier semestre, avec 440 commandes contre 230.

Boeing s'est donné pour objectif de transformer en commandes fermes le millier d'engagements d'achats qu'il a recueilli pour son futur moyen-courrier 737 MAX, et rattraper ainsi l'A320 Neo qui a déjà recueilli plus de 14OO commandes.

«Boeing va certainement annoncer plus de commandes que nous à Farnborough, a reconnu d'avance à l'AFP le directeur commercial d'Airbus John Leahy, mais si vous regardez les chiffres sur 2011 et 2012, nous aurons vendu plus d'avions que Boeing au total, et plus de Neo que de MAX».

Airbus attendu sur les commandes d'A380

M. Leahy est particulièrement attendu sur son objectif de 30 commandes de super jumbos A380 cette année.

Depuis le début de l'année, il n'a annoncé que quatre commandes pour le plus gros avion de ligne du monde.La compagnie Turkish Airlines pourrait l'aider à atteindre son objectif.

Ce client traditionnel d'Airbus a annoncé qu'il avait besoin d'au moins 15 nouveaux très gros porteurs, mais n'a pas encore choisi entre l'A380 ou son nouveau rival le 747-8 de Boeing, signale M. Menard.

Du côté des nouveaux constructeurs, le canadien Bombardier ne pourrait que se féliciter de nouvelles commandes pour son CSeries, un appareil de 110 à 130 places qui devrait sortir fin 2013 et rivaliser avec les plus petits monocouloirs de Boeing et Airbus.

Le brésilien Embraer a lui renoncé à monter en gamme et à s'attaquer aux «grands frères» sur ce marché.

Touchée par les réductions des budgets de la défense aux États-Unis et dans les pays européens, l'aéronautique militaire n'est pas à la fête.

Et, déception, l'avion de transport militaire européen A400 m, qui avait fait sensation à Farnborough il y a deux ans, ne fera pas de démonstrations en vol, en raison d'un problème de moteur.

Airbus military entend malgré tout tenir son engagement contractuel de livrer le premier exemplaire avant fin mars 2013, un calendier de plus en plus serré.

Le géant britannique BAE Systems lui espère franchir une étape dans la coopération franco-britannique sur les drones.

BAE et son partenaire français Dassault aviation attendent que Paris et Londres leur confient des études de quelque 40 millions d'euros, sur le développement d'un drone de surveillance MALE à l'horizon 2020, et d'un drone de combat dans un avenir plus lointain.

Tom Fillingham, directeur du programme drones chez BAE, cité par le magazine spécialisé DefenseNews, a exprimé l'espoir d'une signature à Farnborough.

Mais le nouveau gouvernement français a rouvert le dossier des drones et Dassault se garde de toute prédiction.

Avec 1400 exposants attendus cette année, le salon de Farnborough est un des deux plus grands au monde et se tient en alternance avec celui du Bourget, près de Paris.