Les dirigeants du G20 entendent afficher un front uni ce mardi, au terme du sommet de Los Cabos, au Mexique, pour soutenir les mesures en faveur de la croissance et des créations d'emploi. L'objectif est de relancer une économie mondiale fragilisée par les craintes autour de la crise financière en Europe.

Il est cependant peu probable que leur déclaration finale, qui doit être publiée à l'issue du sommet, apaisera les marchés qui se sont montrés plus que sceptiques jusqu'à présent sur les réponses officielles apportées à la crise.

Ainsi, alors que les résultats des élections en Grèce avaient soulagé les marchés, l'Espagne se trouve dans une position très délicate. Elle a ainsi été contrainte de lever 3,39 milliards d'euros à 12 et 18 mois, à des taux nettement plus élevés, de 5,07% dans le premier cas (contre 2,98% lors de la précédente opération le 14 mai) et de 5,10% dans le second (contre 3,3% précédemment).

Dans leur déclaration finale, les dirigeants du G20 précisent qu'ils «prendront toutes les mesures nécessaires pour maintenir l'intégrité et la stabilité de la zone» euro. Ils se placent en outre du côté de ceux qui défendent la création d'emplois si besoin à travers des dépenses, au lieu des plans d'austérité, préconisés par la chancelière allemande Angela Merkel.

Un nombre grandissant de pays européens, notamment la France, défendent une politique de croissance, alliée à une politique de responsabilité budgétaire. «Nous sommes unis dans notre détermination à promouvoir la croissance et les emplois», note la déclaration du G20, précisant que les dirigeants vont annoncer un plan d'action coordonné pour atteindre ces objectifs. Aucune précision n'est fournie à ce sujet.

«Une croissance forte, durable et équilibrée reste la première priorité du G20, car elle entraîne une création d'emplois plus importante et accroît le bien-être des peuples dans le monde entier.»

Lundi soir, le Fonds monétaire international a annoncé une hausse des contributions, portant à 456 milliards de dollars US sa capacité de prêt. Dans une note publiée lundi, l'organisation observe que l'Europe ne pourra pas régler la crise budgétaire sans prendre des mesures en faveur de la croissance. Ces réformes, notamment l'assouplissement du marché de l'emploi, permettraient de relancer la croissance de 4,5% au cours des cinq prochaines années, selon ses estimations.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, ont exhorté les marchés à se concentrer sur le sommet organisé les 28 et 29 juin à Bruxelles. Ils ont souligné que cette réunion permettrait d'améliorer l'intégration budgétaire et économique de la zone euro. «Même si en juin nous ne prendrons pas de décisions définitives, la voie, la trajectoire, est très claire pour tout le monde et dans ce cas, le rythme est moins important que les décisions que nous prenons», a souligné M. Van Rompuy.

D'un ton plus ferme, M. Barroso a rappelé que la crise «provenait d'Amérique du Nord» avec l'effondrement de produits financiers liés à l'immobilier. «Tous les pays du G20 ne sont pas des démocraties, mais nous sommes des démocraties et prenons des décisions de façon démocratique. Parfois, ça prend davantage de temps», a-t-il souligné. «Franchement, nous ne sommes pas ici pour recevoir des leçons en termes de démocratie ou sur la façon de gérer l'économie, parce que l'Union européenne a un modèle dont nous pouvons être très fiers.»

L'organisation non gouvernementale ONE a cependant regretté le nombrilisme des dirigeants du G20. «Au vu des premières versions du communiqué final, les dirigeants ont clairement oublié que la crise actuelle s'écrit au pluriel et qu'elle ne concerne pas que la dette européenne», souligne dans un communiqué Guillaume Grosso, le directeur de ONE France. «Le G20 de Los Cabos restera dans les annales comme un sommet de nombrilistes qui ne montrent aucune ambition pour aider les plus pauvres dans le monde et attaquer les défis communs comme les pandémies.»