Le gouvernement américain a encouragé vendredi la Chine à poursuivre ses efforts destinés à permettre une meilleure évaluation du yuan par rapport au dollar.

En dépit de moyens mis en oeuvre par Pékin pour permettre à la devise chinoise de s'apprécier, le yuan reste «considérablement sous-évalué», écrit le département du Trésor dans son rapport semestriel sur la politique de change des grands partenaires commerciaux des États-Unis.

Dans l'édition précédente de son rapport publiée fin décembre, le Trésor avait demandé à la Chine et au Japon de cesser d'agir pour affaiblir leur monnaie.

Le Ministère note dans sa dernière livraison que «le Japon n'est plus intervenu depuis ses opérations unilatérales d'octobre et novembre dernier» sur le marché des changes pour tenter d'enrayer la montée du yen.

Le rapport souligne dans ses conclusions la «nécessité d'une plus grande flexibilité du taux de change», pour un petit nombre d'économies émergentes, «et en particulier la Chine».

Étant donné que renminbi (l'autre nom du yuan) «reste considérablement sous-évalué», «il est justifié qu'il poursuive son appréciation par rapport au dollar et aux autres monnaies principales», estime le rapport.

«Au cours de la dernière décennie, la Chine a résisté à des pressions très fortes du marché en faveur d'une appréciation» du yuan, écrit encore le Trésor.

«Durant cette période, ajoute le Ministère, la sous-évaluation persistante et considérable du taux de change effectif réel du yuan a été manifeste même s'il apparaît que l'ampleur de ce déséquilibre s'est réduit depuis» que Pékin a décidé en juin 2010 d'autoriser le yuan à flotter plus librement par rapport au dollar en l'autorisant à fluctuer à l'intérieur d'une marge de plus ou moins 0,5% autour d'un cours pivot fixé quotidiennement par la banque centrale.

Cette marge a été élargie en avril à plus ou moins 1%.

Nombre d'élus du Congrès américain considèrent que le faible niveau du yuan confère un avantage compétitif injuste aux produits chinois sur le sol américain.

Tout en tenant un discours plus diplomatique, le gouvernement du président Barack Obama maintient la pression sur Pékin pour l'amener à hâter l'appréciation de la monnaie chinoise.

Par deux fois en avril et en mai, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, avait jugé «prometteuses» les mesures prises en ce sens par Pékin.

Le rapport du Trésor agace Charles Schumer, sénateur démocrate de New York, à l'origine d'une proposition de loi votée au Sénat et prévoyant des mesures de rétorsions commerciales contre la Chine pour sanctionner la sous-évaluation du yuan.

Déplorant que le gouvernement s'abstienne une fois de plus d'accuser Pékin de manipuler le taux de change de sa monnaie, ce qui autoriserait le Congrès à imposer des sanctions commerciales contre la Chine, M. Schumer a exhorté le président de la Chambre des représentants, John Boehner, à «soumettre au vote» le texte adopté par le Sénat, ce que l'intéressé refuse de faire.

Scott Paul, directeur du groupement d'intérêt de l'Alliance pour l'industrie manufacturière a exhorté «le Congrès a adopter une loi dissuadant la Chine de manipuler sa monnaie».

La monnaie chinoise s'échangeait vendredi au taux de 6,3444 yuans pour un dollar, ce qui traduit une appréciation du renminbi d'environ 7% par rapport à la mi-juin 2010.