Le projet de première agence de notation européenne prend forme et a déjà trouvé 13 investisseurs pour le financer, tandis que ses premières notations pourraient être publiées dans un peu plus d'un an, a déclaré mercredi à Paris son futur patron Markus Krall.

Le projet a déjà récolté 130 millions d'euros d'engagements de la part d'investisseurs pour un tour de table prévu de 300 millions, a-t-il annoncé au cours d'une audition du Sénat français.

Le Sénat mène depuis le 13 mars et jusque début juillet une mission sur le fonctionnement, la méthodologie et la crédibilité des agences de notation, présidée par la sénatrice PS des Pyrénées-Atlantiques, Frédérique Espagnac, et avec pour rapporteur le sénateur du Gers Aymeri de Montesquiou (Union centriste et républicaine).

M. Krall, qui travaille depuis deux ans sur ce projet, a indiqué avoir démissionné mardi de son poste de partenaire du groupe de conseil allemand Roland Berger, afin d'éviter les conflits d'intérêt.

«Notre objectif est de 300 millions d'euros mais nous procèderons en plusieurs phases. Nous viserons probablement la moitié lors d'une première phase que nous souhaitons achever très prochainement, ce trimestre ou au troisième trimestre», a précisé M. Krall à l'AFP à l'issue de l'audition.

«Puis nous espérons pouvoir commencer à établir les infrastructures au troisième trimestre» et «serons en mesure de commencer les notations un an après», a-t-il ajouté.

Interrogé sur les promesses de fonds réunies jusqu'à présent, M. Krall a indiqué que 13 banques, compagnies d'assurance et places financières avaient engagé «10 millions chacune».

Cette agence européenne est destinée à concurrencer les trois grandes agences internationales Standard & Poor's, Moody's Investors Services et Fitch Ratings.

Comme les trois grandes, elle couvrirait tant les notations des services financiers que des pays et des entreprises, respectivement depuis Londres, Francfort et Paris, a affirmé M. Krall.

En revanche, ses fondateurs prévoient un système de rémunération par les investisseurs et non par les émetteurs de dette, l'ancien système étant selon eux source de conflits d'intérêt.

«Nous recherchons une majorité d'investisseurs hors d'Allemagne», a déclaré M. Krall, en précisant que les 13 déjà engagés n'étaient dans leur majorité pas allemands. Mais «nous sommes ouverts à des investisseurs hors d'Europe» et «nous avons été approchés par des institutions américaines et asiatiques».

«Les agences de notation devraient avoir l'intérêt commun en tête», a lancé M. Krall, qui envisage pour sa future agence une «plateforme de transparence» où «toute personnes ayant accès à l'internet pourrait accéder» au «processus» de notation «en temps réel» et faire des commentaires ou souligner des erreurs.

Le groupe Roland Berger continuera à apporter une aide «logistique et matérielle» au projet «sur les prochains mois» avant de lui donner son indépendance, a-t-il précisé.