Est-ce par masochisme? Le financement des Jeux olympiques exerce une fascination morbide chez les Montréalais, qui ont mis 30 ans à rembourser leur stade, soit 21 années de plus que prévu.

Qu'en est-il pour les Jeux olympiques d'été de Londres? Tout dépend du point de vue.

Par rapport aux estimations initiales, le coût des Jeux pour le gouvernement a presque triplé. Mais, par rapport aux estimations révisées en 2007, la facture ne serait peut-être plus aussi salée que prévu.

Voyons un peu le détail. Lorsque Londres a remporté la tenue des Jeux, en 2005, les architectes de sa candidature prévoyaient que cette grande fête du sport coûterait un peu plus de 4 milliards de livres. Le gouvernement devait assumer 3,4 milliards de livres de cette somme, les quelque 740 millions restants devant être allongés par le secteur privé. (Une livre vaut approximativement 1,58$).

Le gouvernement a passé en revue le coût des Jeux en 2007, et force a été de constater que les prévisions initiales ne tenaient plus la route. Le coût des Jeux pour l'État est alors estimé à 9,3 milliards de livres, soit 14,8 milliards CAN. Le ministère de la Culture, des Médias et des Sports met toutefois son poing sur la table. Le gouvernement ne paiera pas un «pound» de plus que cette somme.

Le montant exclut d'ailleurs le budget de 2 milliards de livres du comité organisateur (LOCOG), qui tirera des revenus des commandites, des droits de télédiffusion, de la vente de billets et de produits dérivés.

Plusieurs erreurs ont été commises. Le budget initial ne prévoyait aucune réserve pour de probables dépassements de coûts. (On en créera une de plus de 2 milliards de livres dans laquelle on a déjà allègrement puisé.) Surtout, les coûts de la sécurité des Jeux, durant les travaux et durant les 19 journées de compétitions, avaient été exclus du calcul initial!

Dans cette ville encore marquée par les attentats du métro de Londres de juillet 2005, la sécurité n'est pas prise à la légère. Pour entrer sur le chantier, par exemple, les travailleurs de la construction doivent poser leur main sur un dispositif de contrôle biométrique qui mesure leurs empreintes digitales.

«Le chantier est géré comme un site gouvernemental sécurisé», dit Lawrence Waterman, chef de la santé et de la sécurité du Olympic Delivery Authority (ODA), lors d'une visite privée du parc olympique. C'est l'ODA qui est chargé de construire tous les bâtiments et sites des compétitions pour les Jeux de Londres.

Quant à la sécurité durant les Jeux, elle est à l'avenant. Des tireurs d'élite survoleront le ciel de Londres à bord d'hélicoptères des forces de l'air. Des navires de guerre mouilleront dans la Tamise. En fait, a remarqué le New York Times Magazine, l'on comptera plus de soldats britanniques à Londres l'été prochain qu'en Afghanistan!

Au total, les coûts de la sécurité s'élèveront à près de 1,1 milliard de livres, selon l'estimation la plus récente du Home Office.

Si le budget a été gonflé de façon marquée, il serait maintenant respecté. Le ministre des Sports, Hugh Robertson, est «de plus en plus sûr» que la facture des Jeux ne dépassera pas les 9,3 milliards de financement public prévus. Avec 96% des installations achevées à la fin février au coût de 7,1 milliards de livres, l'ODA pourrait même retourner 500 millions de livres au Trésor.

En cette période d'austérité, ce serait un heureux dénouement.

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Les jeux de Londres en chiffres

26 sports

302 compétitions

2100 médailles

10500 athlètes de 205 pays

5770 entraîneurs et membres du personnel de soutien

2900 arbitres, juges et autres officiels

20000 journalistes et techniciens

7,6 millions de billets

80000 places dans le stade principal