La Chine a réduit à 7,5% son objectif de croissance pour cette année dans un contexte international difficile et veut relancer les réformes économiques en accroissant le rôle du secteur privé, a annoncé lundi le premier ministre Wen Jiabao devant le parlement réuni au grand complet.

La croissance de la deuxième économie mondiale connaît un ralentissement progressif mais continu depuis plus d'un an, notamment à cause des difficultés des exportateurs confrontés à la crise de la dette en Europe - le premier marché à l'exportation de la Chine - et à une reprise hésitante aux États-Unis.

Après avoir caracolé à 10,4% en 2010, la hausse du Produit intérieur brut chinois a été de 9,2% l'an dernier. Mais elle a reculé en 2011 de 9,7% au premier trimestre à 8,9% au quatrième.

Aussi l'objectif de croissance annuelle, qui était chaque année de 8% depuis 2005, a-t-il été ramené à 7,5%. Une telle baisse est toutefois conforme au 12e plan quinquennal, qui fixe un objectif de 7% par an en moyenne pour la période 2011-2015. Ces dernières années, les objectifs de croissance annuels ont été régulièrement dépassés.

Le commerce extérieur devra croître d'au moins 10%, a annoncé le chef du gouvernement. Un objectif modeste alors qu'en 2011, les exportations ont encore augmenté de 20,3% et les importations de 24,9%.

Sur le plan intérieur, M. Wen a confirmé lundi la volonté de Pékin de relancer les réformes économiques, alors que nombre d'observateurs estiment qu'elles n'ont plus progressé depuis deux ou trois ans.

La Chine souhaite «briser les monopoles» et «encourager les capitaux privés à entrer dans les chemins de fer, les municipalités, la finance, l'énergie, les télécommunications, l'enseignement et les soins médicaux», selon le chef du gouvernement.

Ces réformes ont été pour l'essentiel préconisées par un récent rapport de la Banque mondiale corédigé par des conseillers du gouvernement chinois.

Confronté au ralentissement annoncé de sa croissance dont la banque mondiale estime qu'il se poursuivra longtemps, le gouvernement a commencé depuis l'automne à prendre des mesures de soutien à l'activité en ouvrant un peu les vannes du crédit, à travers deux baisses des réserves obligatoires des banques.

Mais il reste prudent pour ne pas relancer l'inflation, source d'instabilité sociale, affichant le même objectif que l'an dernier d'une limitation à 4% de la hausse des prix pour l'année. L'an dernier, l'inflation s'était élevée à 5,4%. Elle avait culminé à 6,5% en juillet avant de retomber à 4,1% en décembre.

Wen Jiabao a souligné que certaines mesures restrictives vont rester en place, comme dans le secteur immobilier que le gouvernement va continuer à «réguler pour ramener les prix à un niveau raisonnable», alors que ces derniers ont commencé à baisser, mais seulement légèrement, dans la plupart des villes.

À quelques mois du congrès du Parti communiste qui verra cet automne une nouvelle génération de dirigeants accéder au pouvoir, le premier ministre a souligné l'importance de maintenir la stabilité sociale.

«Personne ne peut violer les droits des paysans» à la terre, a-t-il insisté alors que les révoltes se sont multipliées dans les campagnes contre les expropriations abusives.

Le gouvernement veut aussi «assurer que les revenus réels des habitants à la fois urbains et ruraux progressent autant que la croissance économique», et à cette fin, dépenser plus afin d'améliorer le «bien-être» de la population.

Et pour éviter une augmentation du chômage, le gouvernement veut créer neuf millions d'emplois dans les villes, après les 12,21 millions créés l'an dernier. Il veut aussi augmenter de 21,9% les dépenses budgétaires liées à la protection sociale et à l'emploi, et de 16,4% celles liées à l'éducation.

La Chine a par ailleurs annoncé un objectif de hausse des investissements en capital fixe de 16% en 2012. Ces investissements contribuent pour près des deux tiers à la formation de son Produit intérieur brut chinois.

L'objectif de croissance des ventes de détail, jauge de la consommation des ménages, n'est lui que de 14%.

Enfin, comme les autres années, Wen Jiabao a annoncé que la Chine allait «maintenir fondamentalement stable le taux de change du yuan», toujours considéré comme sous-évalué par les principaux partenaires commerciaux de Pékin, tout en «rendant le régime de taux de change plus flexible».