Le Bangladais Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix pour avoir fondé la première institution de microcrédit, a déclaré vendredi qu'il n'avait aucune envie d'être nommé à la tête de la Banque mondiale, après que le premier ministre de son pays l'a proposé pour le poste.

Le premier ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina, a récemment proposé auprès de parlementaires européens que son compatriote soit le prochain président de l'organisation basée à Washington, en dépit de leurs différends politiques.

Cette annonce avait suscité l'étonnement, Mme Hasina s'étant fréquemment opposée à M. Yunus qu'elle avait accusé de «sucer le sang des pauvres» en décembre 2010.

«Je n'ai jamais pensé à prendre la tête de la Banque mondiale ou d'une quelconque autre institution multilatérale. J'ai souvent critiqué la Banque mondiale pour sa politique et ses programmes», a souligné M. Yunus dans un communiqué remerciant toutefois Mme Hasina.

Il a en outre rappelé qu'en 1995, le président américain Bill Clinton l'avait convoqué dans le Bureau ovale pour lui demander s'il était intéressé et qu'en 2005, l'ancien Premier ministre du Bangladesh, Mme Khaleda Zia, voulait le faire nommer au poste de secrétaire général des Nations unies.

«Ceux qui se sentent encouragés par la proposition de Sheikh Hasina risquent d'être déçus (...)», a-t-il ajouté.

La Banque mondiale a récemment annoncé qu'elle se fixait pour objectif de nommer un nouveau président d'ici au 20 avril, date d'ouverture de son assemblée semestrielle. Le conseil d'administration a fixé au 23 mars la date limite de dépôt des candidatures.

La succession s'est ouverte après l'annonce par le président Robert Zoellick qu'il quitterait ses fonctions à la fin de son mandat le 30 juin.

M. Yunus, 70 ans, a été limogé en mars 2011 de la Grameen Bank par la banque centrale du Bangladesh qui lui a reproché d'avoir omis d'obtenir une autorisation en bonne et due forme au moment de sa reconduction en 1999 à la direction générale de l'établissement, qu'il avait créé en 1983.

Selon ses partisans, «le banquier des pauvres», brouillé depuis des années avec le Premier ministre, a été victime d'une campagne de diffamation orchestrée par le pouvoir.