La Grèce doit-elle sortir de la zone euro? La question continue d'agiter les esprits des banquiers et autres experts économiques rassemblés cette semaine à Davos, dont beaucoup estiment cependant qu'une telle solution doit être évitée.

Quelle est la solution aux problèmes de la Grèce? «La sortie de la zone euro», a répondu abruptement Gerard Lyons, chef économiste auprès de la banque britannique Standard Chartered, lors d'un débat à Davos.

Sans doute, lui a rétorqué Martin Witting, directeur du cabinet de consultants Roland Berger. «Nous avons peut-être besoin d'un exemple. Si un pays quitte la zone euro, cela aura pour conséquence d'accentuer la pression sur les autres pays» afin qu'ils ne relâchent pas leurs efforts, a-t-il jugé.

Ce n'est certainement pas l'exemple que la Grèce doit donner, a en revanche jugé le patron de la Société Générale, Frédéric Oudéa, devant quelques journalistes. «Nous sommes dans une période plus positive et un succès sur la Grèce contribuera à renforcer cette dynamique», a-t-il ajouté.

Athènes négocie actuellement d'arrache-pied un accord avec ses créanciers pour réduire drastiquement sa dette. Un échec provoquerait immanquablement un défaut de paiement, pouvant déboucher sur une sortie de ce pays de la zone euro, que la Grèce a rejoint en 2001.

Pour certains, dont l'économiste américain Nouriel Roubini, devenu célèbre pour avoir prédit la crise financière de 2008, cette sortie pourrait être bénéfique en permettant à la Grèce de retrouver des marges de manoeuvre. En renouant avec la drachme, ou en choisissant une autre monnaie, la Grèce pourrait immédiatement dévaluer et retrouver ainsi une compétitivité à l'export ou en faveur de son secteur touristique.

Si la Grèce quitte la zone euro, «le lendemain, tout le système bancaire se retrouve nationalisé et chaque épargnant grec, au lieu d'avoir des euros sur son compte, se retrouvera avec des drachmes. Ce qui veut dire que le pays perdra perdra 40 à 50% de son épargne, voila l'option», rétorque Pierre de Weck, membre du comité exécutif de la Deutsche Bank.

«Tout le système financier sera détruit», renchérit dans un entretien avec l'AFP Mario Blejer, gouverneur de la Banque centrale argentine en 2001 lorsque Buenos Aires a décrété l'un des plus gros défauts de l'histoire financière mondiale.

L'Argentine est précisément citée en exemple par ceux qui défendent une sortie de la Grèce de la zone euro. Après avoir renoncé à lier sa monnaie au dollar, ce pays sud-américain a certes connu une récession très forte en 2002, mais a vite renoué avec la croissance avec des taux quasi «à la chinoise».

Certes, mais l'Argentine a surtout profité d'une formidable hausse des prix des matières premières agricoles dont elle est un des premiers exportateurs dans le monde et, surtout, elle n'avait pas le choix, explique l'ancien banquier central argentin.

«Il vaut mieux pour la Grèce négocier un programme de transition sur cinq ans: ce sera beaucoup moins douloureux que de sortir de la zone euro», assure-t-il.

L'option d'une sortie de la zone euro est rejetée en bloc par les Grecs eux-mêmes mais aussi par les dirigeants européens. Encore faut-il que la Grèce soit sérieuse dans ses efforts pour remettre sa maison en ordre.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a dit vendredi ne pas croire à un défaut «désordonné» de la Grèce, dont la conséquence pourrait être sa sortie de la zone euro, mais il a aussi rappelé les Grecs à leurs devoirs.

Dans ce contexte, le Président de la Commission européenne José Manuel Barroso a appelé vendredi à tout faire pour éviter un défaut de paiement.