Les responsables européens, réunis vendredi à Davos, veulent croire que l'issue est enfin proche après plus de deux ans de crise, à la faveur d'un accord présenté comme imminent entre la Grèce et ses créanciers et d'une stratégie dont ils n'entendent pas dévier.

Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, s'est montré le plus enthousiaste, au regard des pas déjà accomplis par la zone euro. «Les progrès sont spectaculaires», a-t-il affirmé devant le 42e Forum économique mondial (WEF) à Davos, dans l'est de la Suisse. «C'est étonnant, si vous comparez aujourd'hui avec les cinq derniers mois, la zone euro est un autre monde», a-t-il assuré.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a de son côté renforcé le camp des optimistes, ébranlé ces derniers jours par les atermoiements entourant la négociation entre la Grèce et ses créanciers privés. «Nous sommes sur le point de conclure un accord, si ce n'est pas aujourd'hui (ce vendredi), ce sera sans doute ce week-end», a-t-il assuré.

Le patron de la première banque allemande, Deutsche Bank, s'est dit lui aussi confiant vendredi dans le fait qu'un accord entre la Grèce et ses créanciers privés était sur le point d'être trouvé, les banques étant prêtes à accepter «presque 70% de pertes».

Une telle décote sera nécessaire, car cet accord devra être ambitieux et assurer que la dette grecque soit ramenée à 120% de son Produit intérieur brut (PIB) d'ici à 2020, comme l'a déjà exigé le Fonds monétaire international (FMI), a averti vendredi le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, qui participait à Davos au même débat que M. Rehn.

Le ministre allemand a longuement expliqué comment il fallait s'y prendre pour en finir définitivement avec la crise de la dette. C'est avant tout affaire de confiance et de constance. «En Allemagne, il est clair que si vous voulez davantage de demande intérieure, de consommation, il vous faut d'abord créer de la confiance, et la réduction du déficit ramène la confiance. En Allemagne, ça marche», a-t-il assuré.

Et «si vous voulez augmenter la croissance, vous ne pouvez pas le faire en dépensant davantage d'argent public et en augmentant les déficits», a ajouté M. Schäuble.

«Ce que nous faisons, c'est d'abord remettre la maison à l'endroit», a souligné de son côté son homologue français François Baroin. «Nous avons beaucoup avancé», a-t-il assuré, soulignant comme beaucoup d'autres dirigeants, particulièrement en dehors de l'Europe, la nécessité d'augmenter la force de frappe des «pare-feu» financiers que la zone euro cherche à mettre en place. «Plus le pare-feu est élevé, moins il aura à être utilisé», a assuré le ministre français.

MM. Schäuble, Baroin et Rehn ont assuré que la zone euro travaillait d'arrache-pied à la consolidation. Il le faudra si elle veut convaincre ses partenaires non européens de l'aider.

Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a ainsi prévenu vendredi les Européens que les États-Unis ne pourraient envisager d'augmenter les ressources du FMI que si ces derniers renforçaient sérieusement leurs fonds de sauvetage.

«Si l'Europe est capable de trouver la volonté politique et un consensus pour construire un ''pare-feu'' plus efficace, alors nous verrons le FMI et ses principaux actionnaires (donc les États-unis) et les économies émergentes très disposées à essayer de renforcer ces efforts», a affirmé M. Geithner à Davos.

Il a cependant averti que cela ne pourrait être «un substitut pour une réponse européenne plus efficace».

La directrice générale du FMI Christine Lagarde a réclamé 500 milliards de dollars de fonds supplémentaires pour son institution pour être en mesure de répondre efficacement à la crise dans le monde. Les Européens ont déjà promis une contribution de 150 milliards d'euros, dans l'espoir que d'autres pays en dehors de la zone euro et de l'Europe leur emboîtent le pas.

Les responsables européens sont encouragés dans leur relatif optimisme par l'accalmie qui prédomine sur les marchés depuis le début de l'année. Les Bourses européennes ont certes ouvert vendredi en léger repli, avant de se reprendre pour certaines dans la journée, mais elles avaient terminé jeudi en nette hausse, après plusieurs séances dans le vert. L'Italie a passé de son côté haut la main vendredi un nouveau test sur le marché de la dette en levant comme prévu 11 milliards d'euros d'obligations à court terme, dont les taux ont chuté.