La chancelière allemande Angela Merkel est restée mercredi determinée à maintenir le cap dans la crise qui secoue l'Europe, en dépit des doutes sur la pertinence des réponses apportées jusqu'à présent, exprimées par les participants au 42e forum de Davos.

La dirigeante de la première économie européenne, déjà présente en 2011, a confirmé dans son discours d'ouverture du Forum économique mondial (WEF), que le chemin emprunté jusqu'à présent par l'Allemagne pour résoudre la crise de la dette était le bon.

Il n'est ainsi toujours pas question pour la chancelière allemande de desserrer une fois encore les cordons de la bourse en augmentant la capacité des pare-feux que l'Europe cherche à mettre en place pour éviter la contagion de la crise de la dette à d'autres pays.

Le fonds de secours actuel, le FESF, dispose de quelque 250 milliards d'euros, et son successeur qui, lui, sera un mécanisme permanent, le MES, disposera de quelque 500 milliards d'euros. «Les gens disent que ce n'est pas suffisant, certains disent qu'il faut le double, d'autres le triple, et alors seulement on croira à votre solidarité», a expliqué la chancelière allemande. Mais «je me demande si c'est encore crédible», a-t-elle ajouté.

«Nous ne disons pas que nous ne voulons pas de cette solidarité, mais nous ne voulons pas prendre un engagement que nous ne pourrions pas tenir», a-t-elle déclaré devant un parterre d'hommes d'affaires et de responsables politiques, rassemblés à l'occasion du 42e Forum économique mondial.

«Nous avons toujours défendu l'euro», a rappelé la chancelière allemande, mais «l'Europe perdra sa crédibilité» si l'Allemagne ne tenait pas ses promesses.

La situation est pourtant loin d'être réglée. La Grèce, épicentre de la crise, n'en finit pas de s'enfoncer dans la récession et les négociations qu'elle mène avec ses créanciers privés (banques, fonds d'investissement, etc.) ne sont toujours pas bouclées.

Charles Dallara, le directeur général de l'IIF (Institut de la finance internationale), qui représente les créanciers privés, est attendu jeudi à Athènes pour reprendre une nouvelle fois les discussions avec le gouvernement grec sur l'effacement d'une partie de la dette grecque. Mais, l'incertitude persiste toujours quant à un accord final qui éviterait un défaut de paiement «désordonné» de la Grèce.

Les créanciers publics européens de la Grèce devront participer davantage «à l'effort financier» pour alléger la dette du pays si l'accord en cours de négociation avec les banques devait s'avérer insuffisant, a déclaré sur ce point la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde.

Si les banques n'effacent pas une part suffisante de la dette grecque, «les créanciers publics (...) devront aussi participer à l'effort financier», a répondu Mme Lagarde à des journalistes qui l'interrogeaient sur une éventuelle décote des titres grecs détenus par la Banque centrale européenne (BCE).

Le FMI redouble ainsi sa pression sur les Européens, déjà appelés ces derniers jours à renflouer leur fonds de secours contre la propagation de la crise.

Dans un entretien avec six journaux européens, rendu public mercredi, Mme Merkel a maintenu qu'il était «absurde de promettre plus d'argent si nous ne luttons pas contre les origines de la crise».

Elle a appelé comme à l'accoutumée les pays en difficulté à intensifier leurs réformes afin de remettre leurs finances publiques dans le droit chemin.

«Si nous reculons devant ces efforts, si nous sommes seulement gentils les uns avec les autres, c'est assurément un mauvais service que nous rendons à l'Europe», a-t-elle averti dans cet entretien.

Les inquiétudes persistantes à l'égard de la zone euro sont un des nombreux thèmes abordés cette semaine à Davos. Mais au-delà, c'est tout le modèle capitaliste que certains intervenants, y compris des chefs d'entreprise, remettent en cause.

«Je pense que nous avons trois ou quatre ans dans les pays occidentaux pour améliorer notre modèle économique, et si nous ne le faisons pas rapidement, je pense que nous aurons perdu la partie face au capitalisme des pays émergents ou au capitalisme d'État», en Chine, a résumé mercredi matin le patron du fonds d'investissement américain Carlyle, David Rubenstein.