La Chine a annoncé mardi une croissance ralentie, mais atteignant 9,2% pour 2011, dans un contexte international difficile, dont l'impact sur la deuxième économie mondiale va se faire davantage sentir dans les mois à venir, selon les analystes.

Après une expansion de 10,4% en 2010 largement due aux mesures de relance prises après la crise financière, la Chine a maintenu l'an dernier une croissance élevée malgré des restrictions sur le crédit rendues nécessaires par la lutte contre l'inflation.

Pour l'ensemble de 2011, le PIB chinois s'est élevé à 47 156 milliards de yuans (7564 milliards de dollars CAN), contre 40 120 milliards de yuans en 2010.

Ce chiffre représente un peu plus de la moitié du PIB américain pour 2010, qui s'élevait à 14 587 milliards de dollars US, selon la Banque mondiale.

Dans un contexte alourdi par les difficultés de ses exportateurs dans les économies avancées, notamment en Europe, la hausse du Produit intérieur brut (PIB) a ralenti tout au long de l'année dernière, tombant à 8,9% au quatrième trimestre, son plus faible niveau depuis le deuxième trimestre 2009.

Ce chiffre est toutefois supérieur aux attentes des analystes interrogés par l'agence Dow Jones, qui tablaient sur 8,6%, et a poussé à la hausse les places boursières.

La Bourse de Shanghai a bondi de 4,18% tandis que celle de Hong Kong a pris 3,24%. Tokyo a terminé sur un gain de 1,05%. En Europe, Paris a ouvert en hausse de 1,09%, Francfort de 1,32%, Londres de 1,05%.

«Étant donné le contexte, ce n'est pas facile de maintenir une croissance de 9,2%», a déclaré Ma Jiantang, le porte-parole du BNS, lors d'un point de presse.

«2012 sera une année complexe et de défis. Nous devons être prêts», a ajouté M. Ma.

La production industrielle chinoise a progressé de 13,9% l'an dernier, contre 15,7% en 2010, tandis que les investissements en capital fixe ont encore augmenté de 23,8% l'an dernier, contribuant pour plus de la moitié (54,2%) à la formation du PIB chinois.

Interrogé sur leur poids excessif, le porte-parole du BNS a déclaré que «les investissements de cette année sont les salaires, les infrastructures, les améliorations à l'environnement de l'année prochaine».

Mais, a-t-il concédé, «sur le long terme, un tel modèle n'est pas viable parce qu'il dépend trop de l'acier et du ciment», c'est à dire du bâtiment et des infrastructures. L'urbanisation progresse à grands pas en Chine, où pour la première fois fin 2011, le nombre des citadins a dépassé celui des ruraux.

Les ventes de détail, jauge de la consommation des ménages, ont pour leur part augmenté de 17,1% l'an dernier, mais leur poids dans l'économie reste inférieur à celui des investissements.

Le ralentissement de la croissance, combiné au succès de la lutte contre l'inflation qui est retombée à 4,1% en rythme annuel en décembre après avoir culminé en 6,5% en juillet, a permis au gouvernement de commencer à assouplir sa politique monétaire, avec à l'automne la première baisse en près de trois ans des réserves obligatoires des banques.

Pékin cherche désormais à maintenir la croissance à un niveau relativement élevé, tout en ouvrant de manière mesurée les vannes du crédit, afin de ne pas relancer l'inflation.

«Nous devons rendre nos mesures plus ciblées et efficaces», a déclaré M. Ma, rappelant que l'objectif de croissance fixée pour la période 2011-2015 était de 7% par an.

«Vu la faiblesse de la demande externe, J.P. Morgan s'attend à ce que la croissance ralentisse à 7,6% en rythme annuel au premier trimestre» 2012, selon une note d'analyse. La banque américaine s'attend pour 2012 à une croissance plus rapide du crédit et à trois baisses des réserves obligatoires des banques durant le premier semestre.

«Alors que la Chine avance à pleine vapeur vers l'année du Dragon (qui commence le 23 janvier), son économie se trouve prise dans un ralentissement brutal», a pour sa part réagi Alistair Thornton, économiste chez IHS Global Insight, basé à Pékin.

Selon lui, «le pire reste à venir. La croissance du PIB va probablement tomber de plus d'un point de pourcentage ce trimestre».

«La faiblesse de la demande actuelle est toutefois loin d'être aussi grave qu'en 2008-2009. Dans une certaine mesure, l'embellie de l'économie américaine compense la chute de la demande en Europe», estime M. Thornton.